Synthèse de Ghada Hamrouche La Côte d'Ivoire demeure sous haute tension, avec des tirs dans la nuit près de la capitale Yamoussoukro et dans Abidjan. L'absence de solution politique a éclaté au grand jour après plus de trois mois d'une crise post-électorale meurtrière. Les relations entre le camp du président sortant Laurent Gbagbo et la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) appuyée par la force française Licorne se dégradent, par ailleurs, notamment autour de la question d'une interdiction de vol au-dessus du territoire ivoirien, décrétée par le camp Gbgabo mais rejetée par l'ONU et par Paris. Cette interdiction visait, selon les analystes, à rendre plus difficile le retour à Abidjan en fin de semaine du Président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, qui était attendu hier au Nigeria après avoir assisté la veille à un sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Peu après la fin de la réunion de l'UA ayant confirmé la victoire de M. Ouattara à la présidentielle du 28 novembre, des tirs à l'arme lourde ont été entendus dans des localités stratégiques. Des combats entre Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo et FN avaient déjà eu lieu mi-décembre dans plusieurs villes. Des combats font rage depuis trois semaines dans l'ouest du pays entre FN et FDS appuyées par des miliciens, faisant craindre une guerre civile. Fort du soutien réitéré et sans équivoque de l'Union africaine, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara poursuit, quant à lui, son offensive diplomatique en se rendant au Nigeria et annonce son retour à Abidjan dans les prochains jours. Après le panel de l'UA jeudi dernier, M. Ouattara a rencontré hier, toujours à Addis-Abeba, les ambassadeurs et représentants d'une trentaine de pays et organisations internationales, leur demandant de le «soutenir» dans ses fonctions de «président élu de la République de Côte d'Ivoire». Il devait rencontrer à la mi-journée au Nigeria le président Goodluck Jonathan, président en exercice du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, resté à Abuja pour cause de campagne électorale. Pour sa première sortie hors du pays et de l'hôtel du Golf où il vit retranché à Abidjan sous le blocus de forces pro-Gbagbo, depuis le début de la crise, M. Ouattara a donc remporté une importante victoire diplomatique : une reconnaissance incontestée sur le continent africain, où le régime de M. Gbagbo affirmait pourtant récemment compter de nombreux alliés. Les pressions internationales se font de plus en plus pressantes. Les Etats-Unis ont réclamé hier l'arrêt immédiat de la violence en Côte d'Ivoire et accusé le Président sortant Laurent Gbagbo de «mépris inhumain pour la vie humaine et l'Etat de droit». Le panel de chefs d'Etat africains chargé de dénouer la crise ivoirienne a également exigé hier «l'arrêt immédiat des tueries», au moment où une flambée de violences fait craindre une guerre civile dans le pays. Celui-ci est en pleine crise depuis l'élection présidentielle de novembre 2010, opposant le président sortant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale. La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire, l'Onuci, pour sa part, enquête sur des livraisons d'armes légères en provenance du Zimbabwe, en violation de l'embargo sur les armes contre ce pays. L'Onuci fait état dans ce rapport d'«informations» sur «l'arrivée de cargos d'armes légères du Zimbabwe». Le 12 janvier dernier, l'Onuci avait, d'autre part, reçu «des informations crédibles sur la livraison dans le port d'Abidjan d'une dizaine de caisses en bois» qui, du fait de leur volume, «pourraient contenir des camions ou des chars».