Le gouvernement de Laurent Gbagbo a demandé le départ de la Côte d'Ivoire des casques bleus de l'Onu et du contingent militaire français "Licorne", a annoncé hier un porte-parole à la télévision nationale RTI. "Le gouvernement demande le départ de l'Onuci et de la force Licorne de Côte d'Ivoire et s'oppose au renouvellement de son mandat", a dit Jacqueline Oblé, ministre de l'Enseignement et porte-parole du gouvernement, dans une déclaration lue à la RTI. Elle a ajouté: 'L'Onuci a fait preuve d'ingérence grave dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire". De son côté la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) rapporte que des hommes masqués portant des uniformes militaires ont ouvert le feu vendredi soir sur sa base à Abidjan. La mission de l'ONU précisait hier que des gardes qui revenaient à la base après une patrouille avaient été suiviks et avaient répliqué aux tirs des six assaillants. Près de 30 personnes ont été tuées jeudi lors de violences en marge des manifestations à l'appel d'Alassane Ouattara, président élu proclamé par la Commission électorale indépendante et reconnu par l'ONU, qui avait appelé ses partisans à prendre le contrôle du siège de la télévision. Le président sortant Laurent Gbagbo refuse de son côté de quitter le pouvoir, sa réélection ayant été proclamée par le Conseil constitutionnel. La journée du jeudi 16 décembre fait craindre le pire. Des affrontements armés dans la capitale, Abidjan, parfois à l'arme lourde, ont sans doute fait près d'une trentaine de morts. Ils ont eu lieu alors que les partisans de M. Alassane Ouattara, le vainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre, entendaient marcher sur la télévision, bastion propagandiste du président sortant, Laurent Gbagbo, qui refuse de reconnaître sa défaite. Celle-ci - très nette - a été déclarée par la commission électorale ivoirienne, au sein de laquelle étaient représentés les deux candidats. La victoire de M. Ouattara - un homme du nord, ancien premier ministre et ancien directeur Afrique au Fonds monétaire international - a été reconnue par l'ONU, l'Union africaine (UA), la Russie, les Etats-Unis, tous les pays de l'Union européenne... M. Gbagbo, qui s'est accroché cinq ans au pouvoir avant d'accepter d'organiser cette élection, s'appuie sur une décision du Conseil constitutionnel, qui lui est inféodé, pour contester la régularité du vote dans le nord du pays. Il a dans son camp les forces armées et des miliciens, notamment des gangs venus du Liberia, de triste réputation ; M. Ouattara, retranché dans une partie de la capitale, dispose aussi d'hommes en armes, des anciens de la rébellion du nord. Tout est en place pour un nouveau drame. La communauté internationale - dont plusieurs membres maintiennent la Côte d'Ivoire sous perfusion - entend faire respecter le résultat du 28 novembre. Elle a raison. Les plus exigeants sont les Africains ; il faut les soutenir. L'UA appelle à une pression maximale pour obtenir de M. Gbagbo qu'il cède le pouvoir à M. Ouattara.