Le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, a estimé, samedi dernier, que l'appel adressé par les ministres arabes des Affaires étrangères au Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités face à la détérioration de la situation en Libye et à prendre les mesures nécessaires pour l'instauration immédiate d'une zone d'exclusion aérienne sur le trafic aérien militaire libyen «ne signifie, en aucun cas, une intervention militaire étrangère». Dans une conférence de presse tenue conjointement avec le ministre omanais des Affaires étrangères et président de la réunion extraordinaire des MAE, M. Youssef Benaloui, M. moussa a affirmé que la mouture de la décision était «claire» et que cette dernière est adressée au Conseil de sécurité, «le seul à même de prendre la décision adéquate conformément au droit international et aux droits de l'Homme». L'instauration d'une zone d'exclusion aérienne est «une mesure préventive en faveur des civils», a souligné le SG de la Ligue arabe. Pour sa part, M. Benaloui a indiqué que les Etats arabes encourageaient l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye mais refusaient également toute forme d'intervention militaire. La Ligue arabe vient de faire preuve d'une naïveté déconcertante. Saddam Hussein était un dictateur pire que Kadhafi, cependant, elle s'était opposée à toute action de nature à provoquer le chaos en Irak. Manifestement, les révoltes en Tunisie, en Egypte et au Yémen ont modifié la trajectoire de la Ligue arabe et, du même coup, révélé les vraies visées des changements survenus dans ces pays. On croyait que les soulèvements populaires aspiraient à la démocratie, à la liberté mais aussi à la souveraineté spoliée par les puissances étrangères avec la complicité des dictateurs, des despotes et des monarques autoproclamés. Mais le premier test des nouveaux gouvernants a révélé la nature réelle des régimes post-dictature. La Ligue arabe vient de donner carte blanche aux puissances étrangères de la même manière que l'ONU avait autorisé les coalisés à envahir l'Irak en 1990. En mars 2011, c'est avec l'accord des Arabes que la Libye sera livrée au chaos. Car une zone d'exclusion aérienne, sous prétexte de protéger les civils, ouvre la voie royale à une intervention militaire occidentale. Les Arabes ont laissé faire Israël au Liban sans jamais exiger une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils libanais de l'hécatombe commise par l'aviation israélienne. Les Arabes ont laissé Israël commettre l'horreur à Ghaza sans jamais exiger une zone d'exclusion pour protéger les Ghazaouis d'un holocauste. Les Arabes se sont mis à plat ventre devant l'Occident sous le couvert de prétextes fallacieux pour couvrir leur incapacité à agir de façon solidaire aux côtés du peuple libyen. Les Arabes ont donc demandé à l'Occident de sous-traiter leur incapacité, leur lâcheté, leur hypocrisie. La position de l'Algérie et de la Syrie est la plus juste au vu du droit international et des intérêts des pays de la région. Cependant, s'il y a un reproche à faire à l'Algérie, c'est sa timidité à déclarer ouvertement et avec force son soutien officiel au droit du peuple libyen de décider de son avenir et de son droit à se débarrasser de ses gouvernants. A. G.