De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Au cours d'une réunion convoquée en urgence pour débattre des constructions illicites qui ont proliféré ces derniers temps à la faveur de la conjoncture régionale actuelle, le wali de Annaba n'a pas mâché ses mots pour dénoncer ce phénomène devenu une véritable plaie ouverte dans cette ville de l'est du pays. «Ces gens, dit-il à l'adresse de l'exécutif et des maires présents, défient les lois de la République et l'Etat algérien. Il s'agit pour nous, en tant que représentants et commis de cet Etat, d'appliquer la réglementation en vigueur de sorte que force doit rester à la loi et ce, quelles que soient les conséquences qui en découleraient.» Ce coup de gueule du wali a encouragé les présidents des douze APC à apporter leur soutien inconditionnel à l'opération de démolition des constructions illicites qui devrait démarrer dans le courant de la semaine prochaine.Il faut dire que, ces derniers temps, où les troubles, les protestations et les manifestations de rue sont le quotidien de la ville et de ses environs, les pouvoirs publics étaient occupés à gérer ces situations en prenant des mesures allant dans le sens de l'apaisement. Cette façon de traiter les différentes situations qui ont quelque peu perturbé la quiétude et la paix dans cette wilaya a encouragé certains à accaparer des espaces pour y édifier des constructions et s'y établir, défiant ainsi l'autorité en place. Ce phénomène qui s'est amplifié, touchant presque tous les quartiers de la ville où l'on voit pousser chaque jour de nouvelles constructions, tend à se généraliser du fait de l'absence de réaction des services de l'Etat censés réprimer ce type de délit. Ainsi, à Sidi Harb, à Sidi Amar, Sidi Salem, la Plaine Ouest, El Fakharine, on construit de nuit ou pendant le week-end avec parfois la complicité passive d'élus locaux ou services de l'Etat. Un autre phénomène est apparu au cours des dernières années et qui a complètement faussé les listes d'attribution de logements : il s'agit justement des occupants de ces constructions illicites qui constituent des dossiers pour obtenir des logements sociaux. Ceux-ci étant assurés d'en bénéficier revendent leurs baraques, pour ensuite revendre leurs logements et revenir s'installer dans d'autres baraques qu'ils érigent à quelques mètres de celles qu'ils avaient vendues auparavant. «Il faut mettre fin à tout cela une fois pour toutes à coups de bulldozer. La force publique est là pour veiller à l'application stricte de la loi dans toute sa rigueur», a martelé le chef de l'exécutif à l'adresse des élus et directeurs de wilaya. Poursuivant, il rapportera qu'il n'y a pas de problème de logements à Annaba mais plutôt un problème de délais. «Les réalisations vont bon train et les distributions se feront dans les tout prochains jours avec un premier quota de 1 965 logements qui ira à ceux qui le méritent vraiment. Les quartiers déshérités en seront les premiers bénéficiaires et nous avons veillé à un tri en toute transparence pour débusquer tous ceux qui ont tenté de tromper ou d'induire en erreur l'administration de l'Etat. Cette distribution sera suivie d'autres dans un futur proche et nous assurons nos concitoyens que tous ceux qui remplissent les conditions d'éligibilité au logement social en bénéficieront», a-t-il déclaré. Abondant dans son sens, le directeur de l'OPGI, avec force chiffres, donne une vision générale des réalisations de logements à Annaba dont il dit qu'elles sont amplement suffisantes et peuvent satisfaire tout le monde pour peu que les gens patientent un peu. Ainsi, on apprend par la bouche de ce responsable que 21 700 logements sociaux sont programmés à Annaba, dont 12 770 pour le RHP, 9 030 pour le logement social locatif (dont 5 000 sont déjà répartis sur les 12 communes de Annaba).Revenant sur la démolition des constructions illicites, les présidents des APC de Aïn Berda, Berrhal, Oued El Aneb, El Bouni, Annaba ont, pour la plupart, évoqué le problème de la réquisition de la force publique pour procéder à cette opération d'assainissement et de salubrité publique. Ce à quoi le wali a répliqué : «Ça, c'est mon affaire et je suis là pour signer toute réquisition ayant trait à cette opération ; je suis là pour veiller à la sécurité de mes concitoyens et à leurs biens.»