On le croyait battu et voilà qu'il reprend du poil de la bête. Profitant de sa suprématie militaire, le colonel Khadafi reprend progressivement le contrôle de son pays au moment où le G8 discutait, en Europe, sur les moyens de protéger les populations civiles qui subissent ses bombardements en Libye. Pendant ce temps, une à une, les villes contrôlées par les opposants libyens retombent aux mains des troupes de Mouammar Kadhafi qui, en mois d'une semaine, ont inversé la tendance. Au bout de trois semaines, les fidèles du colonel ont repris, le 9 mars au soir, Zawiyah, à 40 km à l'ouest de Tripoli, écartant ainsi la principale menace pesant sur la capitale et le dernier point d'insurrection dans la partie occidentale du pays. A contrario, dès le départ, la géographie a servi les opposants dans la partie orientale du pays. Benghazi, bastion de l'opposition et fief de la rébellion, est à 1 000 km de la capitale. La reprise de Ras Lanouf et ses installations pétrolières stratégiques, vendredi dernier, par le pouvoir leur a permis de réinvestir dimanche dernier, la ville de Brega située 240 km de Benghazi et hier les premiers bombardements ont visé Al Ajdabiya, dernier obstacle avant la cruciale bataille de Benghazi. Après la chute de Zawiyah, les pro-Kadhafi ont les mains plus libres pour attaquer l'Est, alors que la communauté internationale se perdait en conjectures sur l'éventualité d'une zone d'exclusion aérienne. Plus fortes militairement, les forces de Tripoli avancent chaque jour un peu plus, alors que les opposants se replient tous vers Benghazi, vraisemblablement dernier bastion de leur mouvement de rébellion. Alors que les troupes du colonel se rapprochent du dernier rempart de la rébellion, Tripoli affirme que les tribus de l'est du pays leur étaient acquises et permettraient la prise en étau de Benghazi. Mais pour les analystes, la partie n'est pas pour autant perdue. D'ailleurs jusqu'à présent, les «victoires» de Kadhafi étaient loin de susciter la ferveur populaire dans les villes «nettoyées» des rebelles. Zawiyah, Ben Jawad et Ras Lanouf étaient hier encore désertées de leurs habitants. G. H.