Les forces de l'ordre syriennes ont dispersé, hier, des dizaines de parents de prisonniers politiques manifestant dans le centre de Damas, ont constaté les correspondants des médias étrangers sur place. Les manifestants, encadrés par un grand nombre de policiers et d'agents des forces de sécurité en civil, se sont rassemblés sur la place Marjé, jouxtant le ministère de l'Intérieur avant d'être dispersés par les forces de l'ordre. Au moins quatre manifestants ont été arrêtés puis conduits à bord d'un véhicule. Une contre-manifestation de soutien au président syrien Bachar Al Assad a réuni des dizaines d'autres manifestants, rassemblés sur la même place. Ils portaient des drapeaux syriens et scandaient des slogans en faveur du président syrien. Selon des témoins, plusieurs intellectuels venus soutenir les familles des détenus ont été interpellés, parmi lesquels l'écrivain Tayeb Tizini, le militant et blogueur kurde Kamal Cheikho, qui avait été libéré dimanche de prison, ainsi que les militants Mazen Darouiche et Nahed Badaouia. A été également arrêté Omar Labouani, fils d'une importante figure de l'opposition, Kamal Labouani, qui purge une peine de douze ans de prison. Les familles de vingt et un militants des droits de l'Homme avaient annoncé, samedi dernier, dans un communiqué qu'ils comptaient se rendre au ministère de l'Intérieur pour remettre un message réclamant la libération de leurs proches. «Après une longue attente et des rumeurs sur une proche libération des détenus de conscience en Syrie, nos espoirs se sont envolés. Nous avons décidé de remettre mercredi [hier, ndlr] à midi une lettre au ministre de l'Intérieur qui contiendra nos plaintes et souffrances», souligne le message de familles publié par l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH). Parmi les détenus figurent les avocats des droits de l'Homme Anouar Bounni et Mouhannad Al Hassni, ainsi que des médecins, ingénieurs et écrivains. La veille, des dizaines de Syriens ont manifesté à Damas pour la liberté, bravant l'interdiction en vigueur, au moment où un ministre annonçait que la Syrie allait engager des réformes «cette année». Les agences de presse ont rapporté que les jeunes protestataires se sont dirigés vers les souks, rejoints par des dizaines d'autres, avant d'être dispersés par les forces de l'ordre. «Environ 200 personnes ont manifesté. Quatre jeunes, dont une femme, ont été arrêtés», a déclaré la militante syrienne Souheir Atassi à la chaîne qatarie Al Jazeera. Agences