Le président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, a fini par réagir aux événements qui secouent les scènes nationale et internationale en promettant de rendre encore plus explicite sa position et d'éclaircir ses points de vue face à ces bouleversements historiques qui redessinent une nouvelle carte politique du monde arabe.Dans une lettre adressée hier au Conseil national du parti, réuni les 18 et 19 mars, le leader historique du parti a estimé, d'emblée, qu'«il y a des moments de l'histoire que l'on regrette d'avoir eu à vivre, les dérives sanglantes des années 1990 et 2000 font partie de ces moments douloureux. Mais il y a des moments qui peuvent être formidables à vivre. Aujourd'hui, qui a commencé avec le Printemps de Tunis, fait partie de ces moments où les femmes et les hommes d'un pays sont appelés à donner le meilleur d'eux-mêmes». Pour l'auteur du message, l'Algérie est loin de faire «exception» dans ce vent de révolte et que «faire partie du mouvement de l'histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins. On ne peut faire l'histoire en négligeant son histoire. Et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l'on engage la fleur au fusil et que l'on termine sur un champ de ruines».Insistant sur la gravité du moment que nous vivons «pour la construction d'une alternative démocratique à l'échec autoritaire», Aït Ahmed tient à souligner que «le génie populaire algérien, inspiré non par la peur, comme veulent le faire croire certains, mais par la sagesse, l'éternel esprit de résistance, saura inventer les voies et moyens d'un changement pacifique. Ce fameux ‘‘fighting spirit'' a illuminé le mouvement national et nous tient toujours debout. Les vieux sages de chez nous ont toujours enseigné qu'il faut savoir résister à l'ennemi étranger autant qu'à l'adversaire local. Mais ils nous ont également mis en garde contre nous-mêmes : nos passions et nos emballements irraisonnés. C'est au prix de la maîtrise de soi que l'on peut parvenir à la maîtrise de son destin». Et de convier les Algériens à s'inspirer de la sagesse de personnages comme Mohammed Arkoun et Mouloud Mammeri pour leurs analyses de deux composantes essentielles de notre culture : l'amazighité et l'Islam.Considérant que ce moment crucial force à «se surpasser», l'auteur de la missive ajoute que «nous devons être capables de donner le meilleur de nous-mêmes, non dans des actes faussement héroïques et spectaculaires, mais dans la discipline que nous saurons nous imposer. Une discipline qui nous forcera à nous dépasser quotidiennement pour construire, construire, construire… ».S'adressant avec une allusion à peine voilée aux parties qui ont choisi une autre démarche pour appeler au changement, Aït Ahmed propose, «là où certains voudraient que l'on participe à leur œuvre de destruction de ce bien, l'Algérie, dont l'histoire et les générations futures témoigneront combien nous avons œuvré à la préservation», de faire du capital dont bénéficie son parti auprès des Algériens et des partenaires étrangers une force de changement pour «la construction des institutions capables, à partir du parti, d'aller à la rencontre des Algériennes et des Algériens qui partagent nos valeurs de démocratie, de liberté et d'engagement citoyen».Ainsi, le parti du FFS s'attelle, après discussion avec sa direction, à la mise en place des outils qui ont pour «double mission d'accélérer le processus d'ouverture sur la société et d'amorcer le processus d'évaluation». Pour ce faire, quatre chantiers requièrent la priorité, à savoir ceux qui intéressent les jeunes, les travailleurs, les femmes ainsi qu'une feuille de route d'étape de restructuration du parti. Aït Ahmed conviera, enfin, tous les militants et d'abord des membres du Conseil national à «se concentrer sur l'essentiel» en estimant que c'est ce qui doit les réunir aujourd'hui. M. C.