Le nouveau premier secrétaire, adoubé par le leader historique du parti, Hocine Aït Ahmed, prend les commandes du Front jusqu'en mars prochain, si la date du congrès est maintenue. Dans un message adressé aux membres du conseil national, réunis jeudi en session extraordinaire, le leader charismatique du parti annonce : “Conformément aux compétences qui me sont conférées par les paragraphes 8.4 et 8.5 du chapitre VIII des statuts du parti : je désigne le camarade Ali Laskri, premier secrétaire du Front des forces socialistes”. “Il est temps de compléter les instances dirigeantes du parti pour que ses structures se mettent démocratiquement en mesure de faire face aux échéances statuaires et politiques qui l'attendent”, explique-t-il. Dans sa communication, le fraîchement désigné à la tête du secrétariat national a constaté l'absence d'un “Etat de droit” en Algérie et a jeté la pierre au pouvoir l'accusant de ne pas vouloir “voir les réalités économiques et sociales des populations et reste sourd et aveugle à la détresse d'une jeunesse aux impatiences exacerbées et impétueuses et d'une population en déshérence”. Parlant de l'opposition, il estime qu'il y a lieu de la rendre “visible, lisible et crédible” pour la structurer ensuite autour “d'objectifs élaborés et arrêtés d'un commun accord”. Tout en promettant de s'employer à “favoriser la réunion” de la famille FFS, à “l'harmonisation et la cohérence” de son fonctionnement, Ali Laskri a exigé de ses militants “une discipline rigoureuse dans la liberté militante” afin de “déjouer les complots, préserver notre parti, et impulser des actions politiques opérationnelles”. Mais avant la tenue du conseil national, les cadres et militants du parti ont eu à écouter les interventions de Ali Laskri et de quatre anciens premiers secrétaires (Djoudi Mammeri, Ahmed Djeddaï, Mustapha Bouhadef et Ali Kerboua). Un message pour les militants afin de les rassurer quant à une quelconque désunion de l'élite dirigeante du parti. Parade qui n'a pas trop résisté à la réalité puisque ces dirigeants eux-mêmes reconnaissent l'existence de divergences. Ainsi à Djoudi Mammeri, qui crie à qui veut l'entendre que le FFS “se porte bien”, Ali Kerboua rétorque : “Je ne dirais pas qu'il n'y a pas de problèmes au sein du FFS. Il y en a comme dans tous les autres partis”. Un constat que semblent partager Ahmed Djeddaï et Mustapha Bouhadef qui, eux aussi, ont reconnu, à demi-mot il est vrai, l'existence de divergences de points de vue mais insistent sur des idéaux communs. Il n'y aura pas de déviation par rapport à l'opposition radicale qui est la ligne de conduite du FFS, assure Bouhadef. “Le système veut nous casser. Mais, nous ne céderons pas et nous maintiendrons le cap de l'opposition jusqu'à la démocratisation du pays”. Et dans les coulisses on parle non pas de divergences de points de vue seulement, mais aussi d'une bataille pour le contrôle du parti. Deux groupes semblent se le disputer : celui de Djeddaï qui s'appuie sur “le clan des médecins” et celui de Djamel Zenati, Karim Tabou, Djoudi Mameri, Ali Laskri… Ce dernier groupe semble avoir une meilleure presse auprès du président du parti. Et avant même la tenue du conseil national et la lecture du message d'Aït Ahmed, Djoudi Mameri a donné le nom de Laskri comme nouveau premier secrétaire. “Le FFS, dans sa globalité, est pour la désignation de Ali Laskri, car c'est un homme de consensus qui veut rassembler”, a-t-il affirmé. Mais si le groupe de l'actuel premier secrétaire a remporté une “bataille”, il est loin d'avoir gagné la “guerre”. Pour l'instant, les deux groupes ont les yeux rivés sur le congrès du parti qui se tiendra, si l'échéance fixée est respectée, en mars 2005. Congrès qui permettra de désigner un autre premier secrétaire et d'élire le président du parti. Etant donné l'état de santé de Hocine Aït Ahmed, bien des dirigeants caressent le rêve de lui succéder. Ceci dit, le FFS a célébré jeudi au siège national, le 41e anniversaire de la proclamation du parti. Des anciens de 1963, des jeunes militants, des cadres du parti et des personnalités extrapartisanes (Ali Yahia Abdenour, Mahfoud Keddache.) ont fêté dans la communion l'anniversaire de la naissance du plus vieux parti de l'opposition. A. C.