Le FFS est appelé à s'ouvrir davantage à la société civile et à la réconciliation interne. Le FFS s'apprête à organiser son 4e congrès national prévu les 5, 6 et 7 septembre 2007. Il devait se tenir statutairement en 2004 mais il a été reporté à plusieurs reprises pour diverses raisons politiques. Son leader historique, Hocine Aït Ahmed sera présent aux travaux. Ce rendez-vous politique du plus vieux parti démocratique et d'opposition en Algérie revêt un caractère particulier. Son importance dépasse largement le cadre partisan. D'aucuns voient en ce parti l'espoir d'une Algérie résolument tournée vers la démocratie. Mais pour ce faire, les observateurs de la scène politique nationale s'interrogent sur la capacité du FFS à se remobiliser et se défaire de ses interminables crises internes qui ont provoqué une véritable hémorragie au sein de ses cadres et militants de base. Les plus pessimistes y ont vu une fin prématurée du parcours du parti créé en 1963 par Hocine Aït Ahmed et ses compagnons qui ont refusé le coup de force de la direction politique du pays mené par Ahmed Ben Bella, le premier président de la République algérienne indépendante, qui a confectionné une Constitution sur mesure. Depuis l'ouverture politique, post-88, qui a vu l'avènement du multipartisme, le retour d'exil de Hocine Aït Ahmed et la légalisation de son parti, le FFS, l'Algérie a vécu des événements politiques dramatiques et de façon accélérée. L'expérience démocratique a échoué et a débouché sur ce que l'on nomme la «tragédie nationale» qui a mis entre parenthèses toute activité politique partisane. La bipolarité islamistes-pouvoir a mis en veilleuse les autres forces politiques. Le FFS n'a pu éviter la longue traversée du désert. Miné par des dissensions internes et des dissidences nées au lendemain de la fameuse réunion de San Egidio à Rome, le Front des forces socialistes a vu sa direction politique s'étioler de plus en plus. De la redoutable force politique qu'était le parti d'opposition avec une équipe de cadres compétents et crédibles - à l'époque certains observateurs n'ont pas omis de noter que le potentiel du FFS dépassait largement ceux du gouvernement - n'est resté qu'une poignée de fidèles à la ligne de conduite du chef du FFS. De feu El Hachemi Naït Djoudi au dernier dissident Mustapha Bouhadef, la direction tournante du parti a consommé une bonne partie de leaders politiques. Saïd Khellil, Djamel Zenati, Mouloud Lounaouci, Ahmed Djeddaï entre autres, étaient bien placés pour mener le FFS à de grandes conquêtes politiques et pourquoi pas du pouvoir. D'autres figures, et non des moindres, ont disparu tels que Debaïli et Mahiou. D'autres encore ont emboîté le pas à leur leader en s'exilant en Europe, comme ce fut le cas du Docteur Lahlou, ou ont décidé de créer une autre structure partisane à l'instar de Abdesselam Ali Rachedi. Enfin une dernière catégorie de cadres militants, déçus, ont préféré cesser toute activité partisane comme ce fut le cas des Dr Khemkhem et Boukhtouche. De brillants cadres ont ainsi quitté le FFS, laissant Hocine Aït Ahmed seul aux commandes. Les mauvaises langues ont toujours soutenu que l'ancien patron de l'OS a fait le vide autour de lui. D'où l'appel lancé dans les différents fiefs du FFS par les anciens maquisards de 1963 pour une véritable réconciliation parmi les enfants du parti. Un voeux resté pieux. Ce qui donne à ce 4e congrès l'image d'un véritable tournant de l'histoire du parti. La dernière Conférence d'audit nationale des cadres du parti organisée au mois de juin dernier a déjà crevé l'abcès en mettant le doigt sur ce mal qui ronge le FFS. Ce dernier a surpris les observateurs en ouvrant le débat et en abordant en public un sujet alors «tabou»: la défection de bon nombre de ses cadres et militants. Le professeur Mohand-Amokrane Chérifi, personnalité très respectée par les militants et réputé proche de Hocine Aït Ahmed, avait avoué que «le fait de reconnaître ses faiblesses est une force». C'est lui qui a osé poser cette lourde interrogation: «Pourquoi la machine du FFS produit-elle des frustrés?» allusion faite aux démissions successives de cadres et de responsables politiques brillants formés par le FFS. «Comment s'est-il interrogé, des gars comme le défunt El Hachemi Naït Djoudi en soient arrivés à quitter le FFS?» Il a même osé poser le même grand point d'interrogation au sujet de «Saïd Sadi, Ferhat Meheni» et tous ceux parmi les élus et les membres de la direction ou des simples militants de base qui ont fait de même «après le premier, le second et le troisième congrès organisés par le FFS». Ce langage franc et nouveaux est-il annonciateur d'événements décisifs pouvant survenir lors de ce 4e congrès? Tout porte à le croire puisque même Hocine Aït Ahmed semble avoir compris que le temps de faire la passe d'armes est arrivé. En véritable démocrate qu'il est, il n'ignore pas que l'exercice de la politique est tenu par des limites naturelles de l'âge et d'autres paramètres, sinon on tombe carrément dans la dictature politique fondée sur le culte de la personnalité. Il y a une limite dans la vie qu'il faut observer, et le mieux pour ce qui est du FFS est de préparer des lendemains sûrs pour une force politique porteuse d'espoir aux Algériens. Aït Ahmed a réussi sa seconde mission historique: celle de permettre à l'Algérie et aux Algériens d'entretenir l'espoir de voir naître un Etat démocratique libre et juste. A ses héritiers de concrétiser cet engagement de longue haleine. Le FFS est appelé à s'ouvrir davantage à la société civile et à tous ceux qui s'y identifient en se défaisant des séquelles d'une quinzaine d'années de cloisonnement induit par un environnement politique hostile et un régime gêné par la capacité de «nuisance politique» d'un parti fondamentalement démocratique, intraitable et tourné vers l'avenir. Le 4e congrès du FFS ne peut faire l'économie d'un tel débat en présence de son leader charismatique.