Il appelle les cadres de son parti à tirer «les conséquences opératoires de ce tournant politique». Dans une lettre adressée au conseil national du FFS, Hocine Aït Ahmed est revenu longuement sur les événements de Kabylie, ainsi que sur les dernières élections législatives. Qualifiant de «maskhara législative», le scrutin boycotté par son parti, le leader historique du FFS, n'en trouve pas moins une dimension historique à l'événement électoral, du fait que «Algériens et Algériennes se sont rendus libres et ont vérifié leur force par leur acte de dissidence citoyenne nationale et pacifique». Pour Aït Ahmed, «le but recherché par le pouvoir des ténèbres», à travers ces élections, «est de renouveler la vitrine démocratique à l'intention des honorables partenaires spectateurs», allusion, peut-être, aux puissances étrangères qui ont salué «la poursuite du processus démocratique en Algérie». Le leader du FFS poursuit son réquisitoire contre le système en l'accusant, à travers «cette forme suprême de hogra», d'avoir voulu «impliquer en bloc les jeunes marginalisés, comme une foule de figurants clochardisés, dans une cour des miracles». Partant de ce constat et convaincu que le «rejet» du scrutin est la conséquence d'une «dissidence mûrie par les expériences et les épreuves douloureuses», Hocine Aït Ahmed relève l'existence d'«une dynamique de révolte morale contre un système qui pousse l'usurpation et la hogra jusqu'à faire croire qu'une élection truquée est une solution à une guerre». Le rôle du FFS, poursuit Aït Ahmed «est d'aider à faire de cette effervescence une véritable dynamique politique». Une mission dont le président du FFS reconnaît la difficulté, du fait que «notre jeunesse reste exposée à toutes sortes de manipulations et d'aventuriers» et de la persistance de «l'état d'urgence (qui) les prive des libertés élémentaires d'expression et d'organisation». En fait, Aït Ahmed appelle les cadres du FFS à trouver un prolongement à la contestation qui secoue la Kabylie et à reprendre l'initiative face aux autres forces politiques en présence, qui gèrent la protestation. Son allusion sur la manipulation des jeunes est on ne peut plus claire, sachant ses positions tranchées contre les ârchs qu'il estime être une fabrication du pouvoir. Le concept de «dissidence nationale citoyenne et pacifique» est fortement souligné par le chef historique du vieux parti d'opposition. Le FFS entend marquer de son empreinte toute «la révolte morale», pour lui donner un contenu politique et mobilisateur. Le conseil national, qui n'a toujours pas rendu ses conclusions, est sommé de tirer «les conséquences opératoires de ce tournant politique», selon la propre expression de Hocine Aït Ahmed.