Photo : Riad Par Mekioussa Chekir «La vie publique est en voie d'extinction, les espaces publics se rétrécissent comme peau de chagrin, aucune place n'est laissée à une expression libre de la société, encore moins à son organisation. Il n'y a pas d'élections libres, il y a crise de légitimité et de représentation politique et sociale. Ne demeure plus qu'une gangue institutionnelle. La répression et la corruption sont le seul ciment de l'Etat». Ceci est l'extrait d'un message adressé hier par le chef charismatique du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, aux membres du conseil national, réunis depuis vendredi dernier en session ordinaire au siège national du parti à Alger. Dressant un constat des plus sceptiques quant à la situation qui prévaut sur la scène nationale, la missive du leader du FFS est empreinte d'interrogations sur l'avenir et le devenir de la nation algérienne et sur les pratiques du pouvoir : «Face à nous, un pouvoir liberticide opposé au pluralisme et aux droits humains, qui ne tolère de partis que ceux soumis ou sans ancrage social véritable. Autour de nous, la société se déstructure et se disloque de jour en jour. Les femmes et les hommes de ce pays ne savent plus, peut-être ne veulent plus et, en tout cas, ne peuvent plus faire de la politique […]. Nous faisons face à un pouvoir qui empêche toujours le peuple de s'exprimer librement, à un pouvoir déterminé à briser toute opposition et tout opposant, un pouvoir qui n'a d'autre alternative que d'aggraver la répression ou de disparaître politiquement.» L'auteur du message estime, à ce propos, que les efforts et les bonnes volontés de la société civile pour une issue plus salutaire pour le pays, ne peuvent être suffisamment efficientes pour renverser le cours des choses et ce, en l'absence d'une véritable «société civile internationale». Aït Ahmed s'interrogera y compris sur les capacités de la formation politique qu'il dirige à changer les donnes de cette situation : «Nous sommes porteurs d'alternatives politiques et sociales. Mais quelle est l'efficience de notre parti ? De quelles capacités d'intervention disposons-nous dans la société et dans les institutions ? Au-delà des utopies mobilisatrices et de la radicalité de nos positions, avons-nous réussi à faire barrage à la restauration de la dictature ?». Car, rappelle l'auteur de la missive, le parti historique nourrit des ambitions pour le pays et aspire à «un changement radical et pacifique» qui ne saurait se «suffire de déconstruire le discours du régime, dévoiler ses manipulations, ses complots et ses mystifications». Continuer d'exister pour se préserver, avertit Aït Ahmed, n'est pas «une option viable». D'où l'éventualité de redéfinir le «planning stratégique» et les «instruments de navigation politique». Et de convier les militants du parti à réfléchir aux missions et tâches qui leur incombent en saisissant l'opportunité de la Conférence nationale d'évaluation démocratique et transparente, prévue dans les statuts du parti, dont il faudra saisir la priorité d'une bonne préparation, a-t-il aussi recommandé. M. C. Karim Tabbou reconduit au poste de premier secrétaire national A l'issue des travaux de la session ordinaire du Conseil national du FFS, ses membres ont décidé de renouveler leur confiance à Karim Tabbou et de le reconduire dans ses fonctions de premier secrétaire national. Ce faisant, le Conseil national tiendra ainsi compte de l'une des orientations d'Aït Ahmed, contenue dans sa lettre adressée au Conseil national : «J'estime que l'efficacité et la cohésion politique rendent inopportun le changement du premier secrétaire. A lui d'envisager et d'apporter les aménagements nécessaires dans la composition du secrétariat national», a écrit le leader du FFS.