L'intervention contre le régime de Kadhafi a commencé hier quand des avions Rafale français ont pénétré dans le territoire libyen. C'est la France qui semble à la tête des opérations visant à stopper l'avance des troupes de Kadhafi vers les zones de l'Est sous le contrôle des insurgés. Au même moment, la bataille pour Benghazi, fief de l'insurrection anti-Kadhafi, a débuté dans l'est de la Libye. Les troupes du numéro un libyen se sont lancées à l'assaut de Benghazi malgré les menaces induites par la résolution onusienne de la veille. Le président Sarkozy a annoncé le début de l'action militaire pour, dira-t-il, empêcher des «attaques aériennes» des forces de Kadhafi et «intervenir contre des blindés». «En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi», dira le président français dans une allocution après le sommet de Paris réunissant l'Union européenne, l'Union africaine et la Ligue arabe. Le feu vert international pour l'action armée est donné. Le Qatar et plusieurs pays européens, dont la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, ont confirmé leur volonté de participer aux opérations militaires en Libye. Kadhafi, de plus en plus acculé, avait prévenu, quelques heures auparavant, Londres, Paris et l'ONU qu'ils regretteraient toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. «Si vous intervenez dans notre pays, vous le regretterez», a dit le porte-parole du numéro un libyen. Kadhafi avait adressé un message au président Obama et au secrétaire général de l'ONU. «Tout le peuple libyen est avec moi et ils sont prêts à mourir pour moi, les hommes, les femmes et les enfants», dira le colonel. Sur le terrain, la situation est devenue malaisée. Des milliers de personnes fuyaient Benghazi après des bombardements. Au lendemain de l'annonce par le régime libyen d'un cessez-le-feu décidé sous la pression d'une résolution de l'ONU autorisant une intervention militaire, la population était dans l'expectative. Un sommet Union européenne-Union africaine-Ligue arabe a eu lieu hier à Paris. Tripoli avait dit respecter ses engagements à l'égard de la résolution du Conseil de sécurité et demandé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon l'envoi d'observateurs en Libye. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait voté en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection. Le président américain Barack Obama avait menacé Tripoli d'une opération militaire si les attaques contre les civils se poursuivaient. Le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a bien accueilli de son côté la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant l'usage de la force pour imposer un cessez-le-feu immédiat. La télévision d'Etat a annoncé que l'ancien ministre de l'Intérieur, le général Abdel Fattah Younis, qui avait fait défection pour prendre en charge le commandement des insurgés à Benghazi, aurait été rétabli dans ses fonctions. Le concerné a vite démenti l'information. Des centaines de Libyens se rassemblent au QG de Kadhafi à Tripoli «en prévision de frappes françaises», selon la télévision d'Etat. M. B.