Saif al-Islam Kadhafi, l'un des fils du dirigeant libyen Moammar Kadhafi, affirme que la Libye a contribué au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy et demande au président français qu'il "rende l'argent". L'Elysée a aussitôt démenti ces informations. "C'est nous qui avons financé sa campagne", déclare Saif al-Islam Kadhafi dans un entretien à un journaliste de la chaîne Euronews. Et il assure avoir "tous les détails" et les documents pour le prouver. "On révélera tout prochainement", promet-il dans cette interview diffusée mercredi. "La première chose que l'on demande à ce clown, c'est qu'il rende l'argent au peuple libyen", ajoute-t-il. Il répondait à une question du journaliste sur son opinion sur Nicolas Sarkozy, premier chef d'Etat à reconnaître, la semaine dernière, le Conseil national libyen de transition (CNLT), le gouvernement provisoire formé par l'opposition à Benghazi. Face à la percée des troupes de Muammar Kadhafi dans l'Est de la Libye, un flot de Libyens et d'étrangers rejoignent l'Egypte, chargés de leurs biens, craignant qu'un déluge de plomb ne s'abatte sur cette région, fief des rebelles. Des voitures remplies de familles entières, les bagages empilés sur le toit, passent lentement le poste-frontier égyptien de Salloum, à travers lequel, il y a un mois, des milliers de réfugiés avaient fui les combats dans l'Est libyen. Mais si mi-février, ils quittaient une région passant sous le contrôle des opposants au régime du colonel Kadhafi, désormais c'est l'avancée de ses fidèles qui met sur la route par centaines des personnes craignant de nouveaux bombardements à Ajdabiya, Benghazi (la capitale rebelle) et Tobrouk. Abdel Latif Khaled explique ainsi qu'il compte rejoindre au Caire sa famille, qui avait fui dès le début de la crise. "J'ai peur, parce qu'on entend beaucoup de choses à la télévision et on ne sait pas vraiment ce qu'il se passe", explique-t-il, les autorités ayant annoncé un assaut "imminent" sur Benghazi, après de violents combats mardi à Ajdabiya, dernier verrou rebelle avant leur "capitale". Zeinab al-Charif, une étudiante en anglais, vient justement de fuir Ajdabiya, une cité qui, selon des témoins, a pris des allures de ville fantôme. "Nous somme terrifiés, c'est horrible à Ajdabiya, ma maison est détruite", raconte-t-elle, expliquant être partie sans pouvoir même prendre de vêtements ou son passeport. "C'est vraiment terrible. Les enfants pleurent. Pourquoi font-ils cela ?", se lamente la jeune fille, dont le frère combat les troupes du "Guide" de la révolution libyenne, au pouvoir depuis 42 ans. Fatma, une institutrice de 40 ans, qui a fui cette même localité avec son mari et leurs enfants, décrit des scènes de désolation : "Les écoles sont fermées, tout est fermé, dit-elle. Les enfants sont fatigués et effrayés".. "Je ramène ma famille à Bassora" (un habitant de Benghazi) Hassan ne cache pas pour sa part sa colère vis-à-vis de la communauté internationale qui, après des jours et des jours de tergiversations, n'est pas venue en aide aux insurgés en décrétant une zone d'exclusion aérienne ou en procédant à des frappes ciblées. "Les Européens ont refusé de nous aider. Nous avons besoin de l'aide européenne et américaine. Nous voulons qu'ils nous donnent des armes", martèle-t-il. Abou Abbas, un Irakien qui enseigne la physique à l'Ussniversité d'Al Baïda, à l'Est de Benghazi, a, lui, décidé de retourner dans le sud de l'Irak, où les violences sont pourtant toujours quotidiennes. "Nous partons parce que les (forces de Kadhafi) arrivent à Benghazi", explique-t-il. "Je ramène ma famille à Bassora", explique cet homme accompagné de ses six enfants. Il espère cependant revenir en Libye : "Nous ne savons pas quand vraiment (...) On verra bien ce qu'il va se passer." Muammar Kadhafi semble en passe de vaincre la rébellion qui menace son pouvoir depuis le début, le 15 février, d'une insurrection sans précédent qu'il réprime dans le sang. Depuis une semaine, ses troupes, appuyées par l'aviation et de l'artillerie lourde, enchaînent les victoires dans l'Est libyen, mais la frontière avec l'Egypte échappe encore à son contrôle. R.I.