De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali «Tant que la qualité des prestations ne sera pas améliorée et que les malades ne seront pas satisfaits des soins qui leur sont apportées dans les établissements hospitaliers, on ne pourra pas dire que le système de santé a été réformé ou même qu'il est en voie d'amélioration.» Ceci est l'appréciation des Algériens, assez légitime du reste, quant à la réforme du secteur de la santé et dont les médias se font souvent l'écho. Ainsi, la réforme de la santé, dont les contours demeurent encore très flous dans les esprits, se résumerait aux sommes d'argent régulièrement injectées par l'Etat dans le secteur pour la réalisation et/ou la réhabilitation d'infrastructures hospitalières et l'acquisition de nouveaux équipements : pour le quinquennat 2010-2014, 619 milliards de dinars ont été affectés à la construction de 172 hôpitaux, 45 complexes spécialisés, 377 polycliniques, 1 000 salles de soins et 17 écoles de formation paramédicale à travers le territoire national. Programme ambitieux qui ne manque pas de réjouir beaucoup de citoyens des zones enclavées, contraints de se rendre dans les chefs-lieux de wilaya ou les pôles régionaux pour se faire soigner. Or, la réussite de la réforme hospitalière passe par d'autres facteurs aussi importants que les finances, telle la formation des ressources humaines appelées à gérer les établissements et la refonte de la gestion hospitalière qui accusent un sérieux retard depuis la mise en branle du projet de réforme hospitalière. Pour beaucoup de spécialistes, ces aspects-là ne bénéficient pas de l'intérêt des promoteurs de la réforme. «Le secteur de la santé souffre moins du manque de développement des infrastructures et équipements que de la révision du système de soins. A défaut de bonne gestion, d'une organisation et d'un fonctionnement fiables, les tentatives d'améliorer la prise en charge des malades par la seule réalisation de nouvelles infrastructures sanitaires auront peu de chances d'aboutir», a affirmé l'un d'eux dans une contribution à la presse. Et de souligner, également, la nécessaire refonte du «système de gestion, d'organisation et de fonctionnement des services de santé en veillant à ce que les services de santé répondent à la diversité des besoins». Lors de la conférence sur la santé tenue début février de l'année en cours – lors de laquelle il avait été aussi question d'un nouveau plan de santé (2011-2030) - le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière avait lui-même reconnu le semi-échec de la réforme en évoquant les «faibles réponses apportées à des besoins de santé de plus en plus spécifiques, en raison de l'adaptation trop lente et insuffisante du système de santé à l'évolution démographique, épidémiologique, socioculturelle, socioéconomique et environnementale de notre société». En attendant que les «besoins de santé et demandes de soins», et les «ressources humaines» bénéficient du même intérêt accordé aux structures hospitalières et ressources matérielles, le malade algérien a le choix entre un secteur public à l'efficacité incertaine et un secteur privé largement au-dessus de ses moyens.