La coalition internationale maintient la pression militaire sur le régime libyen de Mouammar Kadhafi, tout en commençant à chercher une issue politique à une opération qui risque de s'enliser. En attendant de la trouver, les Etats-Unis et leurs alliés ont commencé à étudier l'option de fournir des armes à l'opposition libyenne. L'administration du président Barack Obama estime que la résolution de l'ONU, qui a autorisé l'intervention internationale contre la Libye, est assez «souple» pour permettre une telle aide en matériel, selon le journal Washington Post qui cite des responsables américains et européens non identifiés. La France, pour sa part, s'est prononcée pour entraîner et armer les insurgés, selon le Washington Post. De son côté, l'UA aspire toujours à dépêcher une mission pour rencontrer toutes les parties libyennes. Le comité des chefs d'Etat africains a donc réitéré, vendredi dernier à Addis-Abeba, sa volonté d'accomplir «pleinement» sa mission. Il a exprimé sa volonté de prendre des dispositions pour dialoguer avec les représentants de la rébellion afin de discuter de sa «feuille de route» pour mettre fin à la crise. Invités à Addis-Abeba, les représentants de la rébellion libyenne n'avaient pas fait le déplacement, alors que les représentants du gouvernement libyen y ont assisté et ont formellement réitéré leur acceptation inconditionnelle de ce plan. En attendant que la mission de l'UA se réalise, les chasseurs-bombardiers de la coalition continuent de mener des raids. Des sites militaires à Tajoura et à Zliten ainsi que la région d'Al Watia qui abrite une base militaire ont été bombardés. Au cours de la journée d'hier, des chasseurs-bombardiers de la coalition ont mené des raids à Adjabiya, où sont retranchés des soldats pro-Kadhafi. Les rebelles en ont profité pour reprendre l'offensive et pénétrer dans ce gros bourg stratégique à 160 km au sud de Benghazi, fief de l'opposition. Les Etats-Unis ont annoncé avoir tiré 16 Tomahawks contre des cibles libyennes au cours des vingt-quatre dernières heures. Les avions de la coalition ont effectué 153 sorties : 67 pour les appareils américains et 86 pour les pays participant à la coalition (France, Royaume-Uni, Canada, Italie, Espagne, Belgique, Danemark et le Qatar qui a réalisé sa première sortie dans le ciel libyen avec deux Mirage 2000). Selon le vice-amiral américain Bill Gortney, «Kadhafi n'a quasiment plus de défense anti-aérienne [...]. Son aviation ne peut plus voler, ses navires restent au port, ses dépôts de munitions continuent d'être détruits, les tours de communications sont abattues, ses bunkers de commandement inutilisables». Des négociations doivent se poursuivre aujourd'hui, pour que l'Otan prenne bientôt toutes les opérations en main. Le général canadien Charles Bouchard a été nommé à la tête des opérations de l'Alliance en Libye. Enfin, le président américain Barack Obama a déclaré, hier, que la mission internationale en Libye était «claire, ciblée et en train de réussir», et que chaque Américain pouvait «être fier des vies sauvées». Lors de son intervention hebdomadaire à la radio et sur Internet, le président Obama, soumis à une pression croissante pour expliquer la stratégie américaine en Libye, a ajouté : «Il est de notre intérêt national d'agir […] C'est notre responsabilité.» H. Y.