Louisa Hanoune met les bouchées doubles. Deux jours après avoir réuni les cadres de son parti à Tipasa, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a animé, hier en fin de matinée à Alger, une conférence de presse où elle a notamment réitéré sa demande de voir le président de la République appeler à l'élection d'une assemblée constituante.«Entrez dans l'Histoire en appelant à l'élection d'une vraie assemblée constituante !» a déclaré la pasionaria du Parti des travailleurs à l'adresse du président de la République. Elle a attribué la phrase à l'un des jeunes militants de son parti. Louisa Hanoune avait, cependant, affirmé qu'elle n'a pas vu le Président lors des «dernières consultations». «Nos contacts avec le chef de l'Etat n'ont cependant jamais cessé», a-t-elle indiqué, précisant que les positions de son parti sont connues du premier magistrat du pays.Plus précise, la conférencière a estimé que «les institutions actuelles sont obsolètes» et que seule «l'élection d'une assemblée constituante crédible» peut constituer la solution. Elle a cependant mis en garde contre toute comparaison avec la Constituante de 1963. «C'était une fausse Assemblée», a-t-elle commenté. Elle a indiqué que ce jugement découle du fait qu'après l'indépendance, il n'y avait pas «suffisamment de partis politiques et de courants d'idées» permettant d'engager un débat sérieux.La députée d'Alger, qui ne cesse de faire l'éloge de l'UGTA, s'est dit étonnée de «la réaction des partis de l'Alliance présidentielle» qui s'opposent à l'idée de désigner une assemblée constituante. «C'est la situation actuelle qui constitue un saut dans l'inconnu», a-t-elle encore commenté.Une chose est, en revanche, claire dans la tête de Louisa Hanoune : «Les mouvements de protestation ont des airs de révolution.» Elle en veut pour preuve la protestation qui gagne tous les secteurs d'activité. C'est pour cela, a-t-elle ajouté, qu'il faut désormais lier «les revendications citoyennes au débat sur la Constitution».Profitant de cette sortie médiatique, la députée a révélé qu'un «haut cadre de l'Otan a visité la ville de Jijel» en vue d'y installer une base de l'Alliance transatlantique. On n'en saura pas plus.Concernant les révoltes dans les pays arabes, Louisa Hanoune estime qu'il y a des «tentatives» de récupérer «les acquis des révolutions» tunisienne et égyptienne. Elle a également dénoncé les attaques des Occidentaux contre la Libye. «Je suis fière de la position de l'Etat algérien qui a dénoncé les agressions contre la Libye», a-t-elle affirmé. A. B.