{De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Considérée comme la maladie du siècle, notamment outre-mer, en témoigne le nombre de patients qui sollicitent des psys pour un simple changement dans le comportement, des sautes d'humeur par exemple, la dépression nerveuse n'est pas aussi simple qu'on le prétend. Elle dépasse la séance de consultation basique au bout de laquelle le malade ingurgitera des comprimés ou des vitamines pour retrouver son punch habituel. Les spécialistes s'accordent à dire qu'elle est fréquente et même mal diagnostiquée.En Algérie, c'est lorsque le mal s'aggrave qu'on songe se déplacer vers un établissement spécialisé. Les signes précurseurs de la maladie sont ignorés ou souvent traités avec des thérapies hors cible. C'est ce que soulignent les psychiatres, insistant sur la nécessité des examens de fond car, une fois la dépression confirmée, le traitement pourrait l'alléger et la faire disparaître. «Le diagnostic de la dépression répond à un ensemble de signes bien établis et ces symptômes doivent durer plus de 15 jours et induire une altération du fonctionnement professionnel, social et familial», indiquent des médecins. Au fil des années, il a été reconnu que la dépression nerveuse touche beaucoup plus les personnes vulnérables psychologiquement. Ainsi, une simple rupture amoureuse, un échec scolaire ou la perte d'un proche pourraient, dans certains cas, amener à cette pathologie dont les conséquences pourraient être graves, voire irréparables, dépassant le stade éphémère du mal mental. Les tentatives de suicide sont une des issues pour ces malades qui n'ont pas bénéficié d'un suivi psychothérapeutique. Pour ce dernier point, c'est une autre sorte de thérapie qu'on associe. Celle dite «cognitivo-comportementale» qui se penche sur les pensées négatives en tentant de les substituer par celles positives tout en renforçant l'estime de soi. Toutefois, ces facteurs déclenchant ont cédé la place ces dernières années à d'autres causes plus intenses. L'Algérie, qui a traversé une décennie de violence, a enregistré beaucoup de cas de dépressifs mentaux. A ce mal s'est ajouté un autre tout aussi ravageur : le malvivre. Si en 2007 des statistiques révélaient qu'un Algérien sur 10 souffrait de cette affection, actuellement, selon des spécialistes, ces cas sont encore plus nombreux, mais par crainte de divulguer leur mal, les patients préfèrent le vivre en cachette et optent souvent pour l'automédication, alors que soigner une dépression exige une thérapie de soutien. A cet effet, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme sur l'automédication car «prendre aléatoirement des antidépresseurs sans surveillance médicale pourrait inciter les malades à l'acte de suicide. Un fait constaté notamment chez les jeunes», alertent-ils.Comme toute maladie, la dépression n'est guérie qu'avec des soins et requiert des médicaments et surtout un suivi psychologique. A Constantine, il nous a été difficile d'avoir le nombre exact de malades. «Ils sont admis à l'établissement hospitalier spécialisé de Djebel Ouahch pour trois nuitées au maximum. Puis ils seront mis sous traitement en ambulatoire», nous dira un responsable de l'établissement. S'agissant du suivi, poursuivra notre source, il est assuré par les centres intermédiaires de suivi psychologique implantés à travers les municipalités et le chef-lieu. Toutefois, il s'avère que la plupart des patients dont la dépression est éphémère ne s'y rendent pas. «C'est un piège d'interrompre ce suivi», alerte un psychiatre. En matière de diagnostic, au-delà des cas sévères de crises si l'on peut dire, déceler une dépression recommande temps et examen approfondi. «Il est nécessaire de définir exactement les symptômes pour ne pas rater le diagnostic et s'orienter vers d'autres pathologies. A titre d'exemple, trouver dans des signes relatifs à la modification de l'humeur, un éventuel ralentissement de l'activité intellectuelle et motrice», explique un médecin ajoutant qu'une fois le mal défini, il sera pris en charge par une thérapie appropriée qui a donné des résultats satisfaisants. Quant aux antidépresseurs, «il faut leur accorder le temps pour agir. Au bout de 20 jours, les médicaments confirment leur action», a-t-il ajouté.