Photo : Riad Par Smaïl Boughazi L'un des segments des entreprises qui devrait bénéficier de toute l'attention des pouvoirs publics est les très petites entreprises (TPE). Elles représentent en Algérie plus de 90% des entreprises et emploient près de 1,6 million de personnes. Cependant, les spécialistes affirment, sans ambages, qu'elles sont mal loties notamment en termes de financement. Les TPE qui représentent, à titre d'exemple, plus de 96% du tissu industriel européen, bénéficient de mécanismes de financement appropriés. Ces mécanismes entrent dans le cadre de la micro-finance. Malheureusement en Algérie, bien qu'opérationnels pour les PME, ils n'englobent pas les TPE, et ce, de l'avis même des responsables du secteur. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, a reconnu, à l'ouverture d'une conférence internationale sur la micro-finance, que l'Algérie possède une modeste expérience dans le domaine de la micro-finance grâce à la mise en œuvre, dès 2003, d'un dispositif de microcrédit qui pourrait être assimilé à ce type de financement. Ce dispositif géré par l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) vise le financement de la création d'activités et/ou le financement d'activités à domicile, pour favoriser les artisans et l'auto-emploi, notamment des femmes et des jeunes. Pour Benmeradi, «la micro-finance est un outil de lutte contre l'exclusion sociale et économique. Elle encourage le développement des professions libérales et appuie la création des très petites et petites entreprises.» «Ce mode de financement, poursuit-il, doit être envisagée aussi comme étant un instrument de promotion de l'entrepreneuriat en encourageant la création des TPE et par conséquent la création d'emplois, et en réduisant l'impact de l'informel. L'objectif assigné à la micro-finance est de fournir les services financiers dont ont besoin autant les TPE que les PME pour développer leurs activités économiques lorsque le secteur bancaire classique ne le fait pas ou ne peut pas le faire.» souligne encore le ministre. Afin de développer ce créneau, les responsables du secteur ont annoncé la mise en place d'une stratégie visant le développement de la micro-finance. «Les recommandations de la conférence internationale sur la micro-finance contribueront à l'enrichissement d'une stratégie qui est en maturation au niveau du ministère», a expliqué un responsable du ministère lors d'un point de presse organisé en marge de cette conférence internationale. Une stratégie et des recommandations Cette stratégie est basée sur l'expérience algérienne dans le domaine de la micro-finance rendue possible grâce à la mise en œuvre, dès 2003, d'un dispositif de microcrédit qui pourrait être assimilé à la micro-finance. Il s'agit, selon la même source, du dispositif géré par l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) qui vise le financement de la création d'activités et le financement d'activités à domicile, pour favoriser les artisans et l'auto-emploi, notamment des femmes et des jeunes. La future stratégie permettra, cependant, d'accorder des crédits aux très petites et petites entreprises (TPE) et aux PME, mais également de les accompagner durant leur développement. Les experts, de leur côté, recommandent la création d'établissements spécialisés dans le financement des TPE dans l'optique de développer ce mode de financement et le vulgariser. Ces établissements, qui peuvent être des banques ou des fonds de micro-finance, se chargeront non seulement de financer la création de TPE, mais aussi d'accompagner leur développement, recommandent les experts au terme de la conférence. La création de ces établissements contribuera aussi à l'instauration de dispositifs de financement spécifiques aux TPE, appelé micro-finance, et qui seront complémentaires au système bancaire classique, notamment par la contribution du mouvement associatif et des donateurs. Et dans le même sillage, on a préconisé la consolidation des dispositifs de financement des TPE existantes, hors secteur bancaire, dans une dynamique de partenariat public/privé. Les participants à cette conférence, issus de pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Sud, ont également estimé que l'obligation d'assurance contre les échecs et les faillites peut être un levier pour l'élargissement de la population des TPE algériennes. Ils ont proposé, par ailleurs, d'engager la création de structures spécifiques aux TPE au niveau de deux banques pilotes et implémenter l'ingénierie financière spécifique aux TPE. Cette création requière un programme de formation des ressources humaines aux fondamentaux du financement des TPE. Pour introduire la micro-finance, les spécialistes ont proposé la révision du cadre réglementaire régissant le financement des TPE et l'encouragement de l'intermédiation financière en termes d'orientation et de coaching des TPE par l'implication des dispositifs d'appui et d'accompagnement de cette catégorie de firmes. Il est utile de rappeler, enfin, que le nombre des petites et moyennes entreprises (PME) algériennes a atteint 618 515 unités en 2010, en hausse de 28 000 unités par rapport à 2009. Ces PME emploient 1,6 million de travailleurs. Elles représentent 94% du tissu national des entreprises, 52% du total de la production du secteur privé hors hydrocarbures et près de 35% de la valeur ajoutée de l'économie algérienne.