Le courage de Boudjerra Soltani s'avère n'être, en fin de compte, qu'un pétard mouillé, après le rappel à l'ordre du président Bouteflika et du conseil consultatif du MSP. Le monde à l'envers! Après ses attaques verbales et sa montée au front pour lutter contre ce qu'il appelle «la corruption politique», Boudjerra Soltani, président du MSP, fait marche arrière, ne voulant plus parler de cette affaire. «C'est du passé, c'est du passé.» Samedi soir, au forum de l'Entv, Soltani n'avait que ce mot à la bouche pour se défendre. Ainsi, après les fracas suscités par ses déclarations selon lesquelles il détient des dossiers de corruption impliquant de hauts responsables de l'Etat, Boudjerra Soltani revient de loin pour dire que l'affaire relève d'un secret d'Etat. L'invité de la Télévision a dénoncé la tournure que «certaines personnes» donnent à cette affaire. Visiblement coincé, l'orateur ira jusqu'à dire qu'un «ministre d'Etat doit préserver les secrets d'Etat et garder le silence». Il a même fait son mea culpa, en des termes à peine voilés. «Tout le monde peut se tromper», dit-il. Boudjerra Soltani a fait un virage de 180°. Lui qui, usant d'un langage populiste, mais surtout sans la moindre gêne, déclarait, à chaque coin de rue, que les dossiers seront divulgués au moment opportun. Et voilà que les dossiers deviennent aujourd'hui «un secret d'Etat», d'après le successeur du défunt cheikh Nahnah. Et dire que Boudjerra Soltani a été invité solennellement par le président de la République à dévoiler les noms des responsables corrupteurs. Le blâme acide du chef de l'Etat brandi à l'endroit de Boudjerra Soltani n'est, en fin de parcours, qu'une «critique objective à l'endroit d'un ministre d'Etat», explique l'invité de la Télévision. Et pourtant, cette douche froide en public n'a pas poussé le courageux Boudjerra à ouvrir les dossiers des responsables corrupteurs. «Pour moi, l'affaire est classée», a-t-il répondu, tout bonnement, aux interrogations des journalistes qui n'hésitaient pas à revenir à la charge. Idem à propos de l'affaire Khalifa. Soumis à «l'acharnement» des journalistes, il lâche enfin le morceau et annonce que son affaire de «corruption politique» a été réglée «au niveau des plus hautes instances». Sans le moindre détail de plus. Le courage de Boudjerra Soltani s'avère n'être, en fin de compte, qu'un pétard mouillé. Mais le chef du MSP avait-il failli à ses engagements en sa qualité de responsable politique? Sinon, un poste de responsabilité dans un Exécutif, empêche-t-il un président de parti d'assumer ses principes et engagements? Le cas de Boudjerra Soltani appelle moult questionnements. Après quoi, le ministre d'Etat annonça que sa présence au Palais du gouvernement «n'est qu'un signe de solidarité envers l'équipe de l'Exécutif», annonça-t-il sur l'écran de l'Entv. Cette déclaration, manifestement irréfléchie, n'est point digne d'un responsable politique. Y a-t-il dans le monde, un ministre d'Etat, dont la présence au gouvernement n'est qu'une manifestation de solidarité? Etrange mission! Mais pourquoi se targue-t-il donc d'avoir possédé des dossiers de corruption de hauts fonctionnaires avec lesquels il se solidarisait? Décidément, Boudjerra Soltani a bel et bien revu ses cartes après avoir été rappelé à l'ordre et par le premier magistrat du pays, et par le Conseil consultatif du parti. Et pour bien montrer qu'il est parfaitement serein après avoir ressenti un tour polémique dans ses déclarations, Boudjerra Soltani prend son temps pour répondre aux questions traitant des prochaines élections législatives. Le chef du MSP table sur un taux de réussite de 30%. «Ce n'est ni une part du gâteau, encore moins un pourcentage déjà négocié», laissa entendre le premier responsable du Hamas. A en croire Boudjerra Soltani, son parti fera campagne pour doter les députés, déjà sujets de polémique, de plus de prérogatives. «L'absence des députés durant les plénières n'est pas un mépris à l'égard du peuple, mais plutôt l'absence d'une volonté d'aller vers le changement», explique le chef du MSP au sujet des députés «dispensés». Quant à l'Alliance présidentielle qui regroupe le MSP, le FLN et le RND, Boudjerra Soltani ira jusqu'à dire que cette union, visiblement infructueuse, n'est, après tout, qu'un «test». S'agit-il d'un début de la fin?