L'orateur n'a fait qu'amplifier et applaudir «entre guillemets» la mise à l'écart du parti dirigé par Djaballah. Même avec son statut de ministre d'Etat, Boudjerra Soltani a-t-il les moyens d'imposer à l'administration, l'utilisation d'urnes transparentes, lors des prochaines élections législatives? C'est un détail qui paraît anodin, mais les urnes en bois, décriées par l'ensemble des partis et des électeurs, continuent à déteindre sur la crédibilité des scrutins, malgré la profession de foi des uns et les assurances des autres. C'est tout le paradoxe algérien qui est résumé par Boudjerra Soltani, dans son discours d'ouverture d'une rencontre régionale des cadres de son parti, qui s'est déroulée, hier, à Constantine. «La revendication d'une Daoula islamia est révolue. Elle est dépassée.» Venant de Boudjerra Soltani, de tels propos n'ont qu'une seule explication: la décision de non-retour des anciennes figures de l'ex-FIS sur la scène politique est irréversible. Même en y mettant la forme, le numéro un du MSP n'aura pas réussi à atténuer l'impression qu'il a suscité de prolonger le discours du ministre de l'Intérieur. En évoquant, sans le citer, le mouvement El Islah, l'orateur n'a fait qu'amplifier et applaudir «entre guillemets» la mise à l'écart du parti dirigé par Djaballah. Soltani, qui est venu à Constantine apporter les dernières retouches au plan de bataille de son parti, en prévision du scrutin du 17 mai prochain, a, bien sûr, évoqué le recul du MSP entre les législatives de 1997 et celles de 2002, mais il n'a pas donné de détails: «Cette année sera celle de la compétition et non des alliances», a-t-il dit. Pour Boudjerra Soltani, la politique d'alliance doit se limiter au niveau central là où il faut qu'elle soit. Devant une attitude pareille, il sera toujours difficile de trouver un statut au MSP. Est-ce un parti du pouvoir ou un parti d'opposition? De toute évidence, Boudjerra Soltani ne semble pas se soucier beaucoup de cette question. «Nous sommes musulmans, nationalistes et démocrates», a-t-il tenu à souligner. Il a, également, parlé du procès Khalifa et de la situation sociale des Algériens, pour dire que son parti va entrer dans la bataille électorale avec un programme qui répond aux différentes attentes de la population. Toujours est-il que, pour le chef du MSP, bien à l'aise aux côtés d'Abderrezak Mokri, le franc-tireur du mouvement, le procès qui se déroule à Blida et les récents attentats de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira passent en seconde position. Pourquoi Boudjerra Soltani a-t-il tenu à banaliser l'affaire Khalifa? Pourquoi a-t-il tenu à réduire la menace terroriste à sa moindre expression? Aux alentours de la salle où le chef du MSP tenait son meeting, des centaines de jeunes s'apprêtaient à se rendre à Batna pour assister au match de Coupe qui allait opposer (hier) le CSC à l'Entente de Sétif. Hier, la majorité des Constantinois ne savaient pas que Soltani était de passage dans leur ville.