De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche La commémoration des événements du 20 avril 1980 s'est déroulée, encore une fois, en rangs dispersés. Alors que les animateurs se sont murés dans leur camp politique, le reste de la population locale, tels les étudiants et les élèves des établissements scolaires, a marqué l'événement à travers des activités culturelles. En effet, hier, près d'une centaine d'établissements scolaires, situés à l'est de Bouira, ont été désertés par les élèves qui ont préféré célébrer le 20 Avril en «décrétant» une journée de repos. Toutefois, dans de nombreux lycées de M'chedallah et d'Aghbalou, les élèves ont programmé des festivités. Au niveau du chef-lieu de la wilaya, on a célébré cette date par l'organisation de deux marches. La première, conduite par des militants RCD et des animateurs des comités des aarchs, s'est ébranlée de la place des Martyrs de Bouira jusqu'au siège de la wilaya, alors que la seconde a été organisée à l'initiative des étudiants du centre universitaire de Bouira. Ces deux actions ont convergé sur les mêmes revendications, à savoir la reconnaissance du caractère officiel de la langue amazigh et la promotion de l'enseignement de cette langue au niveau des établissements scolaires. Sur un autre registre, les autorités de la wilaya se sont invitées à cette ambiance commémorative, en assistant à la clôture du 7e Salon du livre et du multimédia amazighs organisé depuis dimanche dernier par le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA). En attendant que les aspirations de plusieurs générations aboutissent, les observateurs disent qu'avant de subir les conséquences d'un printemps arabe, l'Algérie a connu des printemps inoubliables, dont les événements d'avril 1980 et de 2001, en plus de la révolte du 5 octobre 1988 et la tragédie du terrorisme, restés gravés dans la mémoire collective pour toujours. De ces moments hautement symboliques, le Printemps berbère demeure le plus marquant, et ce, malgré le fait que les revendications et les aspirations, portées par les animateurs du mouvement culturel, qui avaient, en 1980, pu briser le mur de la peur, n'ont pas encore eu les réponses attendues. Aujourd'hui, trente et un ans après, pour les uns, il s'agit de faire le bilan des actions et des démarches entreprises jusqu'à maintenant, ensuite réfléchir à d'autres moyens de lutte. D'autres pensent que la cause berbère et la langue amazigh ont enregistré une avancée dans la société, notamment depuis le lancement de la chaîne de télévision en tamazight et le début de l'enseignement de tamazight dans l'école algérienne en 1995. Un lancement qui suscite encore une polémique, car si au niveau des établissements scolaires des wilayas de Kabylie et ses universités, l'enseignement de cette langue se fait en caractères latins, dans d'autres régions du pays, le choix est plus porté sur les caractères arabes ou tifinagh. Alors qu'au niveau de la wilaya, un grand nombre d'enseignants de cette langue souhaitent que l'enseignement de tamazight soit obligatoire comme c'est le cas pour toutes les autres disciplines.