Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani Durant trois jours, les 19, 20 et 23 avril en cours, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a reçu, au siège de son département, sis à El Mouradia à Alger, les représentants des trois syndicats Snapest, Cnapest et UNPEF. Ces derniers avaient appelé à une grève nationale de trois jours, les 25, 26 et 27 avril, reconduite les 2, 3 et 4 mai. Les trois syndicats ont été reçus séparément mais les discussions ont porté sur les mêmes questions : cinq dossiers jugés importants et prioritaires. Il s'agit des œuvres sociales, du régime indemnitaire, du statut particulier, de la retraite après seulement vingt-cinq ans de service et du logement. Un P-V de réunion a été signé à la fin des travaux. Selon les syndicalistes, lors de cette rencontre de trois jours, le ministre et ses collaborateurs se sont engagés à apporter des solutions aux problèmes posés, mais ce sont juste des engagements sur papier, rien de concret. Hier, le Cnapest et l'UNPEF ont tenu chacun une réunion de leur conseil national pour décider du maintien ou du gel du mouvement de grève. Jusqu'à hier soir, rien n'a filtré au sujet d'une éventuelle décision que comptaient prendre les deux syndicats. Contacté par téléphone, le chargé de communication du Cnapest a affirmé qu'il ne pouvait rien dire au sujet de la suite à donner au mouvement : «C'est aux membres du conseil national de trancher la question. Nous ne pouvons rien dire pour le moment.» Côté UNPEF, les téléphones sont éteints. Le syndicat est en réunion. C'est le black-out sur l'information. Chose inhabituelle pour ces deux syndicats qui veulent apparemment maintenir le suspense. Quant au Snapest, ce n'est qu'aujourd'hui que le bureau national du syndicat s'est réuni pour décider du maintien ou du gel de l'action protestataire. «En tant que président du syndicat, je ne peux rien dire. Nous allons soumettre les conclusions de notre rencontre au bureau national et c'est à lui de dire son mot sur ce que nous allons faire» a indiqué son porte-parole Meziane Meriane. Un autre syndicat, le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), aile Boudjenah, a exprimé son intention d'adhérer au mouvement. Son porte-parole l'a fait savoir hier : «Nous allons faire cette grève.» Le Satef, aile Sadali, à l'exemple d'autres syndicats, ne voit pas de raison d'aller vers une grève en ce moment précis : «Je ne vois pas l'utilité de cette grève en ce moment. Ce n'est pas à la fin de l'année qu'on va exercer une pression sur la tutelle. C'est une grève qui va se terminer en queue de poisson.» Et un autre syndicaliste de douter des objectifs cachés derrière ce débrayage annoncé dans l'éducation nationale au moment où il y a une effervescence sur le plan politique : «Ils veulent détourner l'attention des travailleurs de l'éducation. Ils veulent les empêcher d'adhérer à des actions plus importantes.» Le syndicaliste fait allusion à la marche prévue le 1er mai prochain, à l'initiative de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, aile Bouchachi.Les membres de la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE) appellent, de leur côté, à une autre marche le 2 mai prochain. Leur marche du 12 avril dernier a drainé près d'un million d'étudiants, suscitant à la fois l'inquiétude et l'admiration des habitants d'Alger et d'ailleurs.