Synthèse de Ghada Hamrouche Les services de sécurité syriens ont mené une vague d'arrestations dans les rangs des militants opposés au régime et réclamant des réformes. Hier, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles, sans incident, des personnes tuées dans la répression, selon des témoignages de militants et de reporters de presse en Syrie. Alors que le mouvement de contestation sans précédent lancé le 15 mars ne s'essouffle pas, le régime, malgré les annonces de réformes telles que l'abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception, persiste à réprimer les manifestations et à procéder aux arrestations de ceux qu'il considère comme les leaders des manifestations. Les services de sécurité ont effectué des descentes dans plusieurs villes de Syrie, dont Damas, arrêtant des militants hostiles au régime, ont indiqué des témoins et l'opposition. Des «dizaines d'arrestations» ont eu lieu vendredi et samedi derniers dans plusieurs villes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé à Londres, qui a donné le nom de 15 militants dans l'est du pays. Il a dénoncé «la poursuite de la politique des arrestations arbitraires malgré la levée de l'état d'urgence» et appelé «à une enquête indépendante sur les meurtres commis lors des manifestations». Des arrestations ont eu lieu également dans la capitale et sa banlieue proche, selon des témoins et d'autres militants, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre. D'autres témoins ont indiqué que les routes menant aux «secteurs chauds» proches de la capitale sont fermées la nuit. Des points de contrôle sont établis pour vérifier les cartes d'identité et n'autoriser que les résidents à entrer dans ces localités, théâtre de protestations. Dans un geste inédit en terre syrienne, deux députés de Deraa ont démissionné samedi dernier pour protester contre la répression sanglante des manifestants, qui a été largement condamnée par la communauté internationale. Pour leur part, les autorités syriennes continuent à faire état de morts dans les rangs de la police ou l'armée, tués par «des gangs armés» à qui elles imputent le mouvement de contestation. La journée de vendredi, qui avait vu une mobilisation inédite des protestataires au lendemain de la levée de l'état d'urgence, a été l'une des plus sanglantes avec au moins 82 morts, dont des enfants et des personnes âgées, selon des militants et des témoins. Le Comité syrien des droits de l'Homme, basé à Londres, a pour sa part évoqué une liste nominative de 112 morts et disparus pour la journée de vendredi, mais une partie de ceux-ci n'ont pas été certifié. Human Rights Watch a demandé aux Etats-Unis et à l'Union européenne d'imposer des «sanctions» contre les «responsables du recours à la force pour tuer les protestataires et de la torture de centaines de détenus après le carnage de vendredi».