Photo : M. Hacène Par Amar Rafa Le FFS ne prendra pas part à la commission pour la révision de la Constitution. Le premier secrétaire national du plus vieux parti de l'opposition, Karim Tabbou en l'occurrence, qui l'a annoncé hier, a estimé que «la priorité est d'aller vers la démocratie», soit la mise en place d'une assemblée constituante qui «viserait à mettre une base institutionnelle dans laquelle va s'élaborer la première constitution». Lors d'un entretien à la Chaîne III de la radio publique, également repris par l'agence officielle d'information, le responsable du FFS ajoutera que «le changement tel qu'il est recherché par le pouvoir est un changement interne au pouvoir. Ce n'est pas le changement demandé par le peuple algérien». Et de préciser que «le peuple algérien veut accéder à la démocratie et veut exercer la plénitude de ses droits. Il veut avoir le droit d'avoir des droits». Commentant l'annonce des réformes par le président de la République, dans son discours à la nation, il a indiqué que «les propositions sont destinées beaucoup plus à réorganiser le pouvoir qu'à faire accéder l'Algérie au changement». «L'histoire des constitutions en Algérie le prouve bien. On est dans un pays où les problèmes sont ailleurs et le pouvoir veut que cela soit des solutions bureaucratiques, des solutions qui se posent dans des commissions», a-t-il ajouté. Il rappellera, sur sa lancée, que le FFS a fait partie d'une commission chargée d'enquêter sur les fraudes électorales de 1997 et qu'«à ce jour, non seulement le rapport de la commission n'a pas été rendu public, mais il a disparu de l'Assemblée nationale [chambre basse du Parlement, ndlr]». Pour Karim Tabbou, «le FFS considère que les vraies commissions sont celles qui se passent au niveau de la population», affirmant que son parti «a choisi d'exister là où le peuple est en train de bouger, et non pas dans des commissions bureaucratiques destinées beaucoup plus à arranger les affaires du pouvoir que la population». Le premier secrétaire du FFS dira que «toutes les constitutions ont été l'élaboration d'un groupe de personnes», et qu'«on n'a jamais donné aux Algériens le droit d'élaborer eux-mêmes la constitution, d'où la proposition du FFS d'aller vers l'élection d'une assemblée constituante», a-t-il expliqué. «L'assemblée constituante viserait à mettre une base institutionnelle à travers laquelle s'élaborera la première constitution, qui sera pour la première fois l'émanation de la volonté populaire», arguera-t-il. Donc, d'après lui, «la priorité est d'aller vers la démocratie et non vers la révision de la Constitution. Une fois avoir mis en place des institutions démocratiques, qui auront réussi à rétablir la confiance des Algériens et à rétablir les relations entre les institutions de l'Etat et les citoyens, et que le rapport des Algériens aux institutions devient normal, c'est à ce moment-là que les Algériens eux-mêmes trouveront le moyen de rédiger leur première constitution». Plutôt que la révision de la loi électorale, il a suggéré que «la première chose à accorder aux partis politiques est le droit à l'exercice de la politique» et aux Algériens «le droit à l'expression». Quant à l'encouragement de la présence féminine dans les assemblées élues comme annoncé, M. Tabbou a estimé que «la mesure la plus importante qu'il va falloir prendre dans ce pays pour pouvoir rendre à la femme sa liberté est l'abrogation du code de la famille et de donner à la femme elle-même les moyens, la liberté, qui lui permettront de participer à la décision, dans un cadre démocratique». S'agissant encore de la révision de la loi sur les partis, il indiquera que le problème se situe au niveau de l'exercice de la politique en général. Pour Karim Tabbou, réviser les lois n'aboutira à rien si l'on ne donne pas aux Algériens, les acteurs concernés, le droit d'élaborer eux-mêmes les lois qui feront fonctionner leurs domaines. Evoquant le repositionnement du FFS, le premier secrétaire national du plus vieux parti de l'opposition a indiqué que «le travail a été décidé en dehors des échéances, et que le parti fait toujours dans l'activité de proximité avec la population». Il a réitéré que le Front des forces socialistes continue de penser que le changement, indispensable et nécessaire, «peut être un changement pacifique, sérieux et qui conduira le pays vers la démocratie».