Karim Tabou, premier secrétaire national du Front des forces socialistes FFS a exclu la participation de son parti dans la commission qui aura la charge de réviser la Constitution et dont la création a été annoncée par le président Bouteflika lors de son discours du 15 avril dernier. «Le FFS a choisi d'exister là où le peuple est en train de bouger», a-t-il souligné pour justifier la non participation de son parti au sein de la composante de la commission. Avant même sa mise en place, le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition s'est empressé de qualifier celle-ci de «commission à caractère bureaucratique destinée beaucoup plus à arranger les affaires internes du pouvoir», a-t-il soutenu hier sur les ondes de la Radio algérienne. Il dira que le problème ne réside pas dans la nature ou dans le contenu de la Constitution. «Nous sommes dans un pays où les solutions apportées par le pouvoir aux problèmes posés et qui sont de nature bureaucratique sont toujours proposées dans le cadre de commissions», a-t-il observé, ajoutant que «dans les régimes arabes et maghrébins, le meilleur moyen de tuer un problème, c'est de lui créer une commission». Le refus du FFS de prendre part à la future commission devant s'étaler sur l'introduction de nouveaux amendements à la Constitution par le biais d'une concertation ouverte notamment aux différentes formations politiques agréées est motivé par l'expérience vécue par ce parti en 1997. «Le FFS a fait partie de la commission chargée d'enquêter sur la fraude électorale. A ce jour, non seulement le rapport de cette commission n'a pas été rendu public, mais ce dernier a carrément disparu de l'Assemblée nationale», a rappelé Tabbou. Il déplore au passage le fait que l'Algérie est «un pays où les commissions naissent et meurent sans que les problèmes ne soient réglés». Il enchaîne en affirmant que les «vraies commissions» s'expriment à travers les contestations populaires. La constituante et rien que la constituante La révision de la Constitution telle que proposée par le chef de l'Etat qui a décidé de l'installation d'une commission pour cette finalité ne semble encore une fois pas être du goût du FFS qui désapprouve par le biais de son premier secrétaire national le fait que toutes les constitutions qu'a connu le pays ont été l'œuvre d'un «groupe de personnes» ou «d'une institution particulière.» «Jamais on n'a donné la chance au peuple d'élaborer sa propre Constitution», s'est insurgé hier Karim Tabbou. Une manière pour lui de mettre en valeur le choix de l'élection d'une assemblée constituante, une option qui permettrait, selon lui, de mettre en place les bases institutionnelles nécessaires à l'élaboration d'une constitution matérialisant la volonté populaire. «Aujourd'hui, notre priorité, c'est d'aller vers la démocratie et non pas vers la révision de la Constitution», a encore clamé le premier secrétaire du parti d'Aït Ahmed. Il poursuit en affirmant qu'une fois «que nous avons mis en place des institutions démocratiques qui auront réussi à rétablir la confiance entre l'Etat, les institutions et le peuple, à ce moment-là, les Algériens trouveront eux-mêmes les moyens d'établir leur propre constitution». Le FFS réclame l'abrogation du code de la famille A une question au sujet de la représentation de la femme au sein des assemblées élues, le premier secrétaire du FFS fera savoir dans sa réponse que «la première mesure à prendre pour sa liberté, c'est bien de procéder à l'abrogation du code de la famille», a-t-il dit, déplorant au passage le fait que «les femmes algériennes sont toujours confinées dans le statut de mineures». A la question sur une éventuelle participation du FFS aux prochaines élections législatives, Tabbou s'est contenté de formuler une réponse claire : «on n'est pas dans une logique mécanique. Le fait de participer est un choix politique et le fait de ne pas participer est aussi un choix politique. Le pays bouge et les Algériens méritent amplement la démocratie», a-t-il conclu.