Le port libyen de Misrata était sécurisé hier, selon les insurgés, au lendemain du bombardement des forces du régime. L'Otan s'apprête à installer un représentant à Benghazi, fief des insurgés, pour nouer des contacts politiques avec l'opposition. La troisième ville de Libye reste néanmoins encerclée par l'armée à l'est, au sud et à l'ouest, la seule voie de ravitaillement étant la mer. La perte du port serait un «vrai désastre» pour les civils, selon le Conseil national de transition (CNT). Selon le Croissant-Rouge, à Misrata, les violences ont fait environ 1 500 morts, habitants et insurgés, depuis le soulèvement de la ville le 19 février. Mais il n'était pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante. Les combats entre insurgés et pro-Kadhafi se cristallisent depuis plusieurs semaines autour de Misrata et de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, une zone montagneuse dans l'ouest du pays. Les pays membres de l'Otan, aux commandes de l'intervention militaire du 31 mars, se sont mis d'accord pour installer un représentant de l'alliance à Benghazi pour, officiellement, nouer des contacts politiques avec l'opposition au régime de Kadhafi. Plusieurs pays de l'Otan intervenant en Libye discutent également avec les Etats-Unis de l'éventuelle fourniture de munitions aux insurgés. Par ailleurs, des experts de la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les allégations d'atteintes aux droits de l'Homme en Libye sont arrivés dans le pays. Sur le plan financier, le président américain Barack Obama a ordonné formellement le déblocage d'une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars destinée aux opposants au guide libyen. Le régime Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, est contesté par une révolte née à la mi-février et qui s'est transformée en guerre civile déchirant le pays. L'Union africaine a appelé à cesser toute opération militaire, en vain. L'ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a estimé que la chute du dirigeant libyen pourrait compliquer la lutte antiterroriste pour les Etats-Unis, soulignant que Kadhafi était un bon partenaire dans cette lutte a. De son côté, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a ironisé sur l'intervention militaire en Libye, se demandant s'il fallait ainsi bombarder tous «les régimes tordus» dans le monde. «Kadhafi n'est plus là, il s'est barré depuis longtemps», a-t-il estimé. Plus d'un mois après l'intervention militaire occidentale lancée le 19 mars pour faire cesser la répression de la révolte contre Mouammar Kadhafi, les puissances manifestent ces derniers jours un certain optimisme quant à l'issue du conflit, au moment où la Libye est déchirée par un conflit aux conséquences désastreuses. R. I.