Si tout est fait comme prévu, cette rentrée scolaire verra l'application du décret interministériel portant création des classes «sport - études». Pour l'instant, il est un peu tôt pour parler de bilan, en termes de mise sur pied de telles structures; néanmoins, on parle d'ores et déjà d'un début de concrétisation. Dans quelques jours, le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de l'Education nationale rendront publics les chiffres officiels des écoles concernées par ces classes «sport-études» censées impulser une dynamique nouvelle à la formation sportive. Pour rappel, le 21 juillet dernier, une convention, sous forme d'arrêté interministériel portant sur la création, l'organisation et le fonctionnement des classes «sport - études» à partir de l'année scolaire 2008-2009, a été signée par Hachemi Djiar et Boubekeur Benbouzid. «Ce projet permettra de concilier les études et le sport qui sont indissociables. Cela permettra aux élèves de pratiquer le sport sans pour autant renoncer à leurs études. En concertation avec le ministère de l'Education, on a décidé de relancer ce projet, afin de donner un nouveau souffle au sport scolaire», avait déclaré Hachemi Djiar, en marge de la cérémonie organisée au siège du MJS. «C'est une initiative du MJS, et j'ai été aussitôt séduit par ce programme. Je pense que cette convention que nous venons de signer permettra l'amélioration du rendement du système éducatif. Je suis persuadé que cette opération sera bénéfique pour l'école algérienne», avait estimé de son côté Boubekeur Benbouzid.
30 wilayas concernées par ce programme Au total, ce sont 101 établissements, répartis sur 30 wilayas, qui sont concernés par ce programme appelé à s'étendre à l'ensemble du territoire national. Trois à 4 classes de 25 élèves par établissement seront soumises à un emploi de temps spécial «sport - études» et différent des autres classes. Onze disciplines sont inclues au programme de ce projet et environ 70 millions de dinars ont été dégagés par l'Etat pour lancer ce projet, selon M. Benbouzid. Enfin, une commission avait été installée pour le suivi de ce projet en collaboration avec les Directions de la jeunesse et des sports (DJS) des wilayas, et celles l'éducation nationale. Sur l'ensemble de ces établissements, neuf sont des lycées et le reste des collèges. C‘est la wilaya de Djelfa qui est la plus touchée par cette initiative avec neuf établissements qui auront des classes «sport - études». Viennent, par la suite, Alger, Béjaïa et Médéa avec sept établissements chacune. Il faut dire qu'après son installation à la tête du département de la jeunesse et des sports, M. Djiar a fait de la relance de la formation en général et du sport scolaire en particulier son credo. Depuis plusieurs mois, il n'a cessé d'appeler à la prise en charge des élèves sur le plan sportif. Rien que pour le lancement cette année scolaire des classes «sport - études», Djiar a réuni plusieurs fois les directeurs de la jeunesse et des sports (DJS) pour les mobiliser autour de la question et leur «demander des comptes» quant au travail accompli dans ce sens. Bien avant la signature de cette convention avec le ministère de l'Education, il avait appelé, le 5 juillet dernier à Blida, les cadres du secteur à mobiliser toutes les énergies «afin de remédier aux lacunes en vue de relancer le sport national en général et scolaire en particulier». Ce jour-là, Djiar avait déclaré que la pratique du sport scolaire «est en deçà du niveau requis» au regard du nombre d'adhérents qui «ne dépasse pas 500 000 sur les 10 millions d'enfants scolarisés».
Deux millions de sportifs dans cinq ans Dans ce cadre, le premier responsable du secteur du sport a mis l'accent sur l'importance de la pratique du sport scolaire et son impact sur les capacités physiques et mentales des élèves, appelant leurs parents à les encourager à la pratique du sport. «Nous devons atteindre deux millions d'adhérents dans les écoles au cours des cinq années à venir», a-t-il ajouté. Les pouvoirs publics ont réuni toutes les conditions nécessaires à la réalisation de cet objectif, a indiqué Djiar, précisant que la Fédération algérienne du sport scolaire (FASS) a bénéficié, pour la première fois, d'une enveloppe financière de cinq milliards de centimes, soit le deuxième plus important montant après celui accordé à la Fédération algérienne de football (FAF). Il a également évoqué la stratégie mise en place pour surmonter la crise que traverse le sport en Algérie affirmant que la priorité a été accordée à la formation qui commence à partir des écoles pour obtenir une élite à même d'honorer l'Algérie lors des championnats continentaux et internationaux. A maintes reprises, le ministre de la Jeunesse et des Sports a indiqué que «la survie du sport en Algérie dépend de notre capacité à former et à préparer les élites sportives de demain», avant d'ajouter que «l'avenir du sport en général, et du football en particulier, repose sur la capacité et la volonté des instances sportives nationales ou locales de s'investir pleinement dans la formation de sportifs et d'athlètes de haut niveau, capables d'apporter un plus à notre sport et de représenter dignement le pays». Il a souligné la «nécessité d'investir désormais dans la formation de cette élite, qui doit, a-t-il expliqué, figurer en tête des priorités du programme de travail de l'ensemble de ces instances». Dans ce contexte, Djiar a plaidé en faveur de la création d'écoles et de centres de formation spécialisés qui auront pour mission principale «la préparation d'une élite sportive susceptible de sortir le sport national de sa dérive actuelle». C'est dans cet ordre d'idées que Hachemi Djiar a procédé, le 8 septembre dernier au siège de son département ministériel, à l'installation officielle de la commission des méthodes et des programmes de développement et de formation, présidée par M. Saïd Bouamra et composée de directeurs techniques nationaux (DTN) de différentes fédérations et d'experts. Une commission qui aura comme mission principale, comme l'a expliqué le ministre, d'«aider les fédérations sportives à élaborer des programmes de développement et de formation des jeunes talents et des personnels d'encadrement sportif, en formulant des avis et des propositions».
Une commission des méthodes et des programmes de développement et de formation Djiar a également indiqué que cette structure devra donner son avis sur les programmes de réalisation et de réhabilitation des infrastructures sportives et d'acquisition des équipements sportifs, tout en préconisant de s'appuyer sur les normes scientifiques et modernes de gestion rigoureuse. Cela d'autant plus que la commission, dira-t-il, dispose de toutes les attributions pour prendre les initiatives de nature à favoriser la relance du sport national à tous les niveaux. Le ministre a expliqué en outre que «l'installation de cette commission reflète, par ailleurs, l'importance qu'attache le ministère de la Jeunesse et des Sports à la formation, dans le cadre d'une vision stratégique du développement du sport en vue de normaliser les actions et de promouvoir les jeunes talents». C'est dire que, depuis son arrivée, Hachemi Djiar accorde beaucoup d'importance à la formation en général et au sport scolaire en particulier. Un choix irréversible si l'on veut relancer le sport national qui, d'année en année, s'enfonce dans des problèmes inextricables. c'est d'autant plus grave en raison de l'absence de toute logique de formation dans nos clubs. Même les plus nantis en termes de financement n'arrivent pas, ou ne veulent pas, mettre sur pied des centres de formation. Combien coûterait un centre de formation sachant que quelques-uns des clubs de la division une de football, pour ne citer que ceux-là comme exemple, recrutent des joueurs à un milliard ou plus pour une seule saison ? A vrai dire, dans pas mal de cas, c'est la volonté qui n'y est pas. Le ministère de la Jeunesse et des Sports tente d'y remédier en relançant le sport scolaire. cela suffirait-il ? Il est clair que non, mais en attendant que les différentes instances et les acteurs de la scène sportive prennent conscience de la nécessité de mobiliser tout un chacun, les élèves, du moins ceux des établissements qui seront touchés par cette initiative, auront l'occasion de s'adonner à leur sport favori tout en poursuivant leurs études… A. A.