Photo : Zoheïr Par Ziad Abdelhadi Annoncé en grande pompe et devant entrer en vigueur en janvier 2011, le nouveau dispositif de la filière lait élaboré par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), qui se résume en une convention entre l'Onil et les laiteries concernant l'approvisionnement en poudre de lait, n'a pas connu jusqu'à présent de mise en application. La raison invoquée serait liée au changement opéré à la tête de l'Onil. «Ce qui a retardé la signature des conventions», nous a expliqué le responsable de la communication de l'Office, joint par téléphone. Quant à la question de savoir le nombre exact de transformateurs ayant jusqu'à présent manifesté leur désir d'adhérer au nouveau dispositif, le chargé de la communication a évité de répondre. Mais d'après des sources proches du dossier, au sein de la corporation des transformateurs de poudre de lait ou des producteurs de lait pasteurisé en sachet (LPS), il n'existe pas d'engouement pour souscrire une convention avec l'Onil. Cette absence de motivation trouve son explication, selon nos sources, dans les conditions qui leur sont imposées et qui «ont tout l'air d'une forme d'ingérence» pour les transformateurs de poudre de lait. Le nouveau dispositif impose aux laiteries publiques et privées des conditions en matière de production et de distribution de LPS. En clair, «toute laiterie conventionnée comme partenaire (de l'Onil) devra préciser les quantités de LPS qu'elle s'engage à distribuer quotidiennement dans sa wilaya d'implantation et éventuellement dans d'autres wilayas». Une condition pas tout à fait du goût de certains transformateurs de poudre de lait et qui ont tôt fait de connaître leur point de vue par la voie de la Fédération agroalimentaire et de la filière lait auprès de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA). Autre condition inscrite dans le cahier des charges de la convention, celle consistant à donner des informations sur les moyens - propres et /ou distributeurs subventionnés - qu'ils comptent mettre en œuvre pour la distribution et doivent «présenter trimestriellement un état récapitulatif des quantités de lait demi-écrémé fabriquées et distribuées à partir de poudre de lait subventionnée». Si du côté de l'Onil, on estime que cette dernière clause est un moyen de dissuader tous ceux qui seraient tentés d'utiliser la poudre de lait subventionnée à d'autres fins que celle de produire du LPS, les transformateurs ne sont pas d'accord du seul fait qu'on ait oublié que dans leur activité, le taux de perdition est parfois important. Quant à la mesure obligeant les transformateurs d'intégrer de plus en plus le lait cru dans leur activité, là encore, on estime que pour encourager la production nationale et la substituer à la poudre, il est nécessaire d'augmenter la prime d'intégration du lait cru de 4 DA à 9 DA. Un avis pris en compte par la tutelle (ministère de l'Agriculture) puisqu'il a augmenté la prime à 7,5 DA par litre de lait cru intégré au lieu de 9 DA comme souhaité par les transformateurs. Rappelons que dans le centre du pays, notamment dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bordj Bou Arréridj, les patrons de laiteries se plaignent de ne pas pouvoir s'approvisioner en lait cru et, du coup, la démarche préconisée par l'Onil leur demandant d'intégrer de plus en plus le lait dans leur activité devient impossible à réaliser. La rareté du lait cru dans ces régions étant due au fait que de nombreux éleveurs de vaches laitières, pour ne pas dire leur totalité, sont sous contrat de fournir toute leur production au grand dam de l'industrie laitière que compte le pays. De ce fait, les patrons de laiteries de ces wilayas ont le choix de travailler uniquement avec de la poudre de lait ou de cesser leur activité. Ce qui les amène à tourner le dos au dispositif élaboré par l'Onil, sachant qu'ils ne sont pas en mesure de remplir les conditions. C'est pour dire, enfin, que ce n'est pas demain la veille que le nouvel dispositif va donner entière satisfaction, à moins que l'on impose aux éleveurs de réserver des quotas aux laiteries locales moyennant une prime pour les encourager dans ce choix car les prix offerts par les industriels sont très lucratifs. D'autant que ces derniers, dans l'incapacité d'intégrer le lait cru dans leur activité, ne peuvent prétendre à passer une convention avec l'Onil. A l'Office de trouver un mécanisme à même d'assurer un approvisionnement régulier en lait cru des laiteries. Une initiative à mettre en place si l'on veut que les importations de poudre de lait diminuent en volume.