Photo : S. Wafia De notre envoyée spéciale à Béchar Wafia Sifouane Pour cette 5ème édition du Festival national de musique diwan, il aura fallu attendre l'avant-dernière soirée, qui a eu lieu jeudi dernier, pour voir affluer le grand public. Quasiment boudé par les habitants de la ville durant les premiers jours, le festival a eu droit pour cette soirée, qui coïncide avec le week-end, à un stade archicomble. Et ce n'est pas tout. Le festival a eu également la chance de rehausser la qualité des concerts avec le passage de trois groupes sensationnels. Coup de cœur des festivaliers : la troupe Ouled Sidna Blel. Venue de Tindouf où la musique diwan est plutôt rare, la troupe a tout simplement surpris par la qualité de sa prestation.Fondée en 2010, la troupe, constituée essentiellement de jeunes dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 30 ans, doit sa réussite à son étroite collaboration avec les grands maalim de Béchar. «Le diwan n'existe pas à Tindouf et pour apprendre, nous nous sommes rapprochés des maalim de Béchar à qui l'on doit tout notre savoir», dira un des membres de la troupe. Participant pour la première fois à la compétition du festival, la troupe a sorti le grand jeu pour conquérir le jury.La seconde troupe en compétition à rejoindre la scène est venue de Ghardaïa. Egalement méconnue du public, elle est la seconde découverte du festival. Elle a électrisé le public et déclenché l'hystérie des jeunes.Après le sud, direction le nord-ouest avec la troupe Ahl diwan d'Oran. Contrairement aux jours précédents, les troupes ont joué sur l'originalité avec des textes peu interprétés et en se focalisant sur des chorégraphies impressionnantes. C'est le cas d'Ahl diwan. L'ambiance qui a légèrement baissé lors des premières soirées du festival, est remontée d'un cran avec ces trois troupes qui n'ont fait que rendre la compétition plus rude et compliqué un peu plus la tâche des membres du jury chargés de la lourde mission de départager les compétiteurs et de déterminer les lauréats.Conscient de la présence de certaines lacunes au niveau de l'organisation, le commissaire du festival, Houcine Zaïdi, a reconnu les points faibles tels que l'absence de guest stars et le manque de communication. «Le commissariat du festival a travaillé d'arrache-pied pour maintenir l'événement et nous sommes prêts à prendre en considération tous les reproches que l'on nous fera en vue d'améliorer la qualité du festival et en faire un véritable pôle artistique et touristique pour la ville de Béchar», déclare le commissaire.Concernant la qualité des participants, il dira en être satisfait du programme. Mais il déplore le comportement de certains artistes qui se sont décommandés à la dernière minute sans donner d'explications à l'image de Nabil Bali. Par ailleurs, le responsable indiquera qu'avec la programmation d'un volet académique à travers les conférences-débats, il reste un sérieux travail à faire en ce qui concerne le diwan. A ce propos, il proposera un partenariat avec les universités.On ne peut toutefois manquer d'applaudir le côté débrouillard des organisateurs du festival qui ont eu à faire face à plusieurs imprévus comme les affiches et les invitations non remises à temps, ou encore le manque de collaboration des structures hôtelières et touristiques de la ville. C'est dire tout le travail qui reste à faire en amont et en aval et la nécessité d'une collaboration intersectorielle pour que Béchar ait son véritable festival de musique diwan et aussi d'autres manifestations. W. S. Faire du festival un futur atout touristique Commissaire de cette 5e édition du festival national de musique diwan et aussi membre de la troupe El Ferda de Knadssa, Hocine Zaïdi a souligné la nécessité d'impliquer la population dans l'organisation et la tenue du festival. Prenant exemple sur le festival international de gnaoui d'Essaouira, devenu aujourd'hui une référence, le commissaire a affirmé sa volonté de faire du festival un atout touristique pour sa région natale : «Il faut impliquer les habitants dans le festival et les convaincre qu'il s'agit de leur propre événement. C'est en réalisant cela que le festival arrivera à attirer des touristes et gagner une indépendance financière et tout le monde trouvera son compte.» Il abordera également le problème du manque de recherches scientifiques dans le domaine musical et surtout diwan. «Il ya très peu d'écrits sur ce sujet mais c'est en proposant des communications même peu approfondies qu'on pourra susciter l'intérêt des gens et engager des débats concrets», affirme M. Zaïdi. Pour conclure, il nous parlera de la nouveauté de ce festival qui consiste à produire les albums des lauréats et à réaliser des vidéos clips et ce, en vue d'encourager et de promouvoir ces artistes. W. S. L'Entv de Béchar fait dans le bricolage et l'improvisation Face au manque de matériel au niveau de la station de l'ENTV de Béchar, les soirées du festival ont été retransmises grâce à une équipe de jeunes amateurs bénévoles qui ont travaillé avec une petite caméra numérique. On ne peut que déplorer le manque de professionnalisme de cette station. Sinon comment expliquer que la station d'une entreprise publique de télévision soit obligée de recourir à des amateurs sous-équipés pour assurer la couverture d'un événement-phare qui se déroule dans la ville. Les efforts fournis par ces jeunes ne s'arrêteront pas là puisqu'ils sont chargés également de la réalisation du DVD du festival qui constituera un support audiovisuel de poids pour l'événement qui compte bien sortir de son petit cocon. Autre bémol, l'absence d'un matériel technique professionnel (sonorisation) non seulement au niveau de Béchar, mais dans toute la région du sud-ouest, comme nous l'a indiqué le directeur de la maison de culture de Béchar, Hamdani Amari, qui déplore leur totale dépendance des autres villes. Dire qu'on ne cesse de discourir sur le développement du grand sud, le désenclavement des régions reculées d'Algérie…