Photo : S. Wafia De notre envoyée spéciale à Béchar Wafia Sifouane Réunis au stade El Nasr autour de notes graves sur fond de goumbri et de rythmes endiablés des karkabous et des percussions, les habitants de la ville de Béchar ont célébré, dimanche dernier, le lancement de la 5e édition du Festival national de musique diwan. C'est en fêtant et revalorisant ce patrimoine culturel oral transmis de père en fils que les nouveaux talents et futurs promoteurs du diwan sont encouragés à affronter une scène, un public mais surtout un jury qui les évaluera et délivrera son verdict le jour de clôture, prévu le 13 mai prochain.Pour cette soirée inaugurale, la scène a été confiée à la troupe Ouled El Hadja Meghnia. Composée essentiellement de percussionnistes, la troupe se distingue par un répertoire musical puisé du folklore marocain. Toujours aussi énergiques tels que les a toujours connus leur public, les enfants de Meghnia, qui se sont produits en catégorie hors compétition, ont réussi à enflammer la foule des jeunes présents. Ils céderont, par la suite, la place à la troupe Diwan Mechria qui a sorti le grand jeu en incluant de belles tenues à une prestation authentique. Très appréciée dans la région d'Aïn Sefra et Béchar, la troupe inscrite en compétition officielle a régalé le public en interprétant des chants populaires du répertoire diwan de la région du Sud algérien et du Maroc. Fondée en 1983, la troupe est composée d'une quinzaine de membres, mais seuls huit d'entre eux se sont produits ce soir-là. «Le savoir-faire du diwan nous a été transmis de père en fils. Faire de la musique est une tradition chez nous», déclare Laaradji Slimane, musicien de la troupe. Concernant la compétition, la troupe n'est pas à sa première participation. «C'est notre troisième participation à ce festival, mais pour cette année, nous avons intégré des créations qui mêlent le diwan algérien au diwan marocain», indique notre interlocuteur.Après Diwan Mechria, ce sera en compagnie de la troupe Nass El Ouaha de Béchar que la soirée se poursuivra. Vêtus de tenues traditionnelles en rose fuchsia et équipés d'un grand tambour et de karkabous, les huit membres de la troupe ont fusionné avec brio avec le public. Interrogé sur les critères d'appréciation et de sélection des troupes, Amar Amroun, luthiste et membre de jury, nous confiera que plusieurs aspects sont à prendre en considération. «Le jury a tracé un tableau d'évaluation et chaque troupe sera jugée par rapport à sa présence sur scène, son interprétation, le rythme et la synchronisation des musiciens. Bien sûr, le jury donnera une grande importance à la réaction du public», nous explique M. Amroun. Rappelons que le jury de cette année est présidé par Belahcen Moussaoui, ex-ministre chargé de la communauté algérienne à l'étranger. Dans son allocution d'ouverture, le commissaire du festival, Zaïdi Hocine, a souligné que les lauréats de cette année bénéficieront d'une aide du commissariat du festival qui se matérialisera par l'enregistrement d'un album et le tournage d'un clip vidéo, en vue de promouvoir la musique diwan devenue ambassadrice de la musique algérienne à l'étranger. La compétition se poursuivra jusqu'au 13 mai prochain, au stade El Nasr, et verra la participation de 21 troupes représentant 15 wilayas. Pour ce soir, la scène recevra Diwan Gnaoua de Blida, et Dar Ousfane de Constantine.Malgré la vocation noble qui aspire à revaloriser un héritage ancestral, on notera néanmoins la rareté des spectateurs lors de cette soirée d'ouverture. Cette défaillance du public est due au manque de communication. Le festival se tient à Béchar mais aucune affiche ne l'annonce dans la ville qui n'est pourtant pas si grande que ça.