Organisée pour débattre de la question de la sécurité alimentaire en Algérie, la conférence de presse tenue hier à Alger par l'Union algérienne des agriculteurs libres a permis de mettre à nu les problèmes rencontrés par les agriculteurs, mais surtout de dénoncer certaines pratiques bureaucratiques aussi bien au niveau de la tutelle que dans les chambres régionales d'agriculture. En dépit du programme présidentiel visant la promotion de ce secteur, communément appelé Plan national de développement agricole (PNDA), les résultats sur le terrain laissent à désirer, selon cette union. Pour preuve, la facture salée des importations des produits alimentaires augmente constamment. D'emblée, le premier responsable de ce syndicat a sérié les principales causes ayant fait de l'agriculture un secteur de tout les maux. Il s'agit, entre autres, de la réduction de la superficie des terres agricoles face aux constructions tous azimuts, malheureusement, sur des terres très fertiles. Mais surtout, ajoute cette organisation, la baisse du volume de l'eau au niveau des régions réputées jusque-là grenier de l'Algérie en termes de production agricole. En plus de ces problèmes, M. Salah Kaïd, responsable de cette union, a laissé entendre que malgré la volonté affichée à maintes reprises par le premier magistrat du pays, ce secteur demeure otage d'une politique révolue de «certains barons», lesquels ne veulent pas lâcher prise tant que le «butin de guerre» se chiffre parfois en milliards. «Les différentes politiques de subvention élaborées par les pouvoirs publics n'ont pas, dans la quasi-totalité des cas, touché les simples fellahs, et ces derniers tentent tant bien que mal de survivre face aux alias de tous genres», indique-t-il. Pis, la situation des fellahs s'est sensiblement empirée par le cumul des dettes et les impôts. «Actuellement, le fellah vit les pires moments. Il fait face à plusieurs problèmes en même temps», se désole-t-il. Et de dénoncer les barons et certains responsables, sans pour autant les citer, qui ne travaillent pas pour l'intérêt de l'agriculture algérienne et ses employés. Cette organisation appelle le président de la République à effacer totalement les dettes contractées par les fellahs. «Plusieurs agriculteurs sont sommés de payer leurs dettes alors qu'ils n'ont même pas de quoi acheter des petites quantités d'engrais pour leur production», déclare-t-il. A l'appui, il citera ceux de Kabylie, une région qui a connu depuis les années 2000 une grave crise économique due aux évènements du printemps noir. «Des centaines de fellahs dans cette région sont en faillite et sont même poursuivis en justice pour ne pas avoir payé leurs dettes alors qu'aucun profit n'a été tiré dans leurs investissements, suite à une baisse très sensible de l'activité économique», soutient-il. Par ailleurs, cette organisation a proposé la création d'un «groupement national» qui aura pour tâche l'établissement d'une carte nationale de chaque agriculteur, ainsi que la définition des zones spécialisées pour la production agricole. «Ce groupement, qui sera sous l'égide du Président ou du Premier ministre, comprendra des spécialistes en agronomie et des diplômés de l'université», explique la même source, pour qui, «on ne peut pas parler de la sécurité alimentaire en Algérie sans avoir réglé, a priori, tous ces problèmes». Sur un autre registre, cette organisation s'est indignée de sa non-participation à la conférence nationale sur l'agriculture prévue pour le mois en cours. «On se demande pourquoi on est exclu de cette rencontre d'autant qu'elle rassemble tous les acteurs concernés par ce secteur», s'interroge M. Kaïd. S. B.