Photo : Riad Par Salah Benreguia La rencontre organisée la semaine dernière par l'Assemblée populaire nationale (APN), avec le concours du département de Abdelhamid Temmar et de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a porté sur «le rôle des Etats et leur intervention dans les économies mondiales», mais, en réalité, la quasi-totalité des participants ont axé leurs interventions sur la crise financière et économique mondiale. Celle-ci s'est, en effet, taillée la part du lion durant ce colloque. Logique, diront certains, compte tenu de l'ampleur, mais surtout des dégâts que ce «Titanic financier» continue de causer. En entrée, l'assistance a eu droit à une rétrospective sur les causes de la crise financière internationale, alors que le deuxième jour, le débat s'est orienté vers l'évaluation de ses conséquences sur les économies nationales, en particulier l'Algérie. Avec une brochette d'experts nationaux, d'anciens ministres, de députés et de sénateurs, cette rencontre a permis aux différents intervenants d'exprimer leurs points de vue, parfois bien développés et objectifs, et, surtout, de détailler et de décortiquer les mécanismes pouvant, si ce n'est, mettre le pays à l'abri de cette crise, réduire son impact et ses effets sur notre économie. Les plus sceptiques des experts parlent d'une crise qui devra se prolonger dans le temps. Un constat a été tiré selon lequel ces turbulences, qui sont en train de se propager, pourraient durer jusqu'à 2013, selon les interventions de certains spécialistes, pour qui, le fait que les banques continuent de déposer leurs bilans, ainsi que la perte des milliers de postes d'emploi, mais surtout la baisse successive des taux directeurs des grandes banques, sont des signes avant-coureurs. «La crise est beaucoup plus profonde qu'on ne le croyait», a déclaré un consultant international. Face à cette situation, plusieurs pays ont pris des décisions, qui sont, parfois, à contre-courant de «l'ordre établi» par le système capitaliste, notamment aux Etats-Unis qui se sont mis à nationaliser des banques, même s'ils usent d'un euphémisme pour le dire. Là, les experts, qui justifient ces décisions par le fait que le feu est en la demeure, ont, en résumé, plaidé pour la mise en place d'un système de financement réformé, solide et efficace où l'intermédiation financière doit être considérablement améliorée. Quid de l'Algérie ? Pour faire face à ces risques, les intervenants ont mis en exergue l'existence de possibilités et de marges de croissance dans les activités hors hydrocarbures, à condition que ces marges soient combinées avec une politique de développement du capital humain. Sur ce point, M. Lamiri, a déclaré que l'investissement dans les ressources humaines est très important pour avoir une économie performante. Même son de cloche chez le professeur Oscar Garavello. Cet enseignant à l'université de Milan croit dur comme fer, que l'Algérie «doit identifier les secteurs potentiels susceptibles de lancer l'appareil productif interne afin de délivrer la croissance économique de sa dépendance aux hydrocarbures». Les secteurs de l'agriculture, du tourisme et des PME devraient être les porteurs de ce changement, précise-t-il. Au sujet du rôle des Etats et leur intervention dans les économies mondiales, les interventions convergent sur un seul point : les pouvoirs publics doivent davantage réfléchir à une politique économique capable de soutenir une croissance interne indépendante des fluctuations des cours des hydrocarbures, et ce au niveau mondial. Le président de l'APN a même appelé, dans ce sens, que cette crise nécessite une profonde réflexion, notamment en Algérie. «Cela suscite une réflexion d'étape sur ce que devraient être ou continuer d'être les politiques publiques dans les domaines les plus névralgiques. Elle doit répondre à certaines problématiques qui portent, notamment, sur les conséquences que peuvent avoir sur l'Algérie les sombres prédictions de la Banque mondiale pour l'économie mondiale, en 2009, qui annoncent un recul de l'investissement étranger, un ralentissement du commerce international et la chute du volume global des échanges entre les pays», a souligné Ziari.