En cette rentrée sociale, le débat sur la création de fonds souverains est clos après avoir connu une animation au début de l'été. Cette fois-ci, c'est le président de la République qui a tranché sur la question en opposant un niet catégorique à cette voie de fructification des réserves de changes. Une réaction qui intervient trois mois après l'éclatement de la polémique entre les membres du gouvernement sur l'option à choisir concernant cette question. Le chef de l'Etat, à l'occasion de la séance d'audition consacrée au ministre des Finances, M. Karim Djoudi, n'y est pas allé par quatre chemins pour annoncer le choix à prendre. Jouant la carte de la prudence, Abdelaziz Bouteflika a carrément parlé d'aventure. «Certains nous suggèrent de nous lancer dans l'aventure d'un fonds souverain pour rentabiliser davantage nos réserves de changes à l'étranger. J'estime que le pays continue d'avoir un énorme besoin de capitaux pour le développement de l'économie nationale», a-t-il déclaré au ministre des Finances. A travers cette réaction, le Président n'a ni contredit son ministre des Finances, ni celui de l'Energie. Il a juste rejoint la prudence de Djoudi, lequel s'était, pour rappel, montré, en mai dernier, également prudent par rapport à ce dossier, jugeant que les fonds souverains n'étaient pas systématiquement un moyen de gestion des réserves de changes. Il avait, en effet, expliqué que la crise financière internationale générée par les crédits hypothécaires à haut risque (subprime) a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux, alors que «les fonds souverains s'orientent généralement vers des actifs à risques élevés». L'argentier du pays avait, par ailleurs, noté la nécessité d'une décision économique dont il y a lieu d'évaluer l'opportunité et les risques. Pour sa part, le ministre de l'Energie et des Mines avait, dans un entretien accordé à France 24 en juin dernier, souligné la possibilité de création de fonds souverains dans 4 ou 5 années et ce, dans le but de financer des activités à l'extérieur du pays. Cependant, en dépit de son adhésion au principe des fonds souverains, le ministre n'avait pas manqué d'émettre quelques précisions à ce sujet. Ainsi, même si pour Chakib Khelil l'option est valable, «l'Algérie n'est pas comme les pays du Golfe, elle doit utiliser ses ressources pour les investir à l'intérieur du pays», avait-il argumenté. C'est le même argument qui est mis en avant par le président de la République. Finalement, Bouteflika n'a pas contredit Khelil. Il a eu la prudence de son ministre des Finances et l'argumentation de son ministre de l'Energie. Les spécialistes de l'économie nationale, même s'ils sont en faveur des fonds, ont de leur côté rappelé, lors des différentes rencontres, que l'Algérie n'était pas encore prête pour se lancer dans l'investissement à l'extérieur, en raison notamment de la conjoncture économique internationale et de l'absence de moyens humains capables d'évaluer les risques et d'analyser la situation. A noter, toutefois, qu'il y a une certaine divergence chez les experts à propos de ce sujet, d'autant plus qu'elle est directement liée au sujet de la gestion des réserves de changes qui ont atteint les 133 milliards de dollars en juin 2008, dont une bonne partie est placée en bon du trésor américains. Le rebondissement du dollar ces derniers temps semble être en faveur de cette solution. Mais il y a la nécessité de lancer des fonds d'investissement à l'intérieur du pays comme l'ont souligné les experts et les opérateurs économiques. Devant l'incapacité des banques à financer l'investissement, cette solution semble d'une grande importance pour booster l'investissement national. Le Président n'a pas omis de rappeler dans ce cadre les besoins nationaux en investissements. Ira-t-on donc vers la création de fonds d'investissements en Algérie en utilisant les excédents de la balance commerciale ? Que fera-t-on des 40 milliards de dollars accumulés dans le fonds de régulation ? Que fera-t-on des 40 milliards d'euros accumulés dans le fonds de régulation ?