Photo : Sahel Par Abdelkrim Ghezali Comme promis dans l'édition d'hier, le témoignage de Maître Amar Bentoumi est au rendez-vous. Ce vieux militant de la cause nationale a côtoyé les acteurs du mouvement national, toutes tendances confondues. En sa qualité d'avocat du PPA-MTLD, depuis 1947, puis du FLN depuis 1954, il a vécu des événements déterminants et eu accès à des documents importants aussi bien ceux propres au mouvement indépendantiste que ceux de l'administration coloniales qui y consignaient les procès-verbaux d'interrogatoires et les notes de la police des renseignements généraux sur les activités des différents militants et cadres du parti mis sous surveillance. A ce titre, Maître Bentoumi ne se limite pas à analyser des événements ou des situations à partir de son prisme pouvant être altéré par une position subjective où l'affect l'emporte sur la clairvoyance. Il est avant tout témoin d'une époque et rapporte des faits historiques indéniables. Sa crédibilité est en jeu. C'est pourquoi, il pèse ses mots et en mesure les conséquences aussi bien quand il parle de ses amis que des personnes avec qui il a eu des divergences. Les déclarations du premier président de la République algérienne indépendante parues dans l'hebdomadaire Jeune Afrique ont grandement choqué Amar Bentoumi qui y a décelé une somme de contrevérités et une falsification manifeste de l'histoire qui ne visent pas seulement à redorer le blason de Ben Bella mais surtout à porter atteinte à la mémoire de personnalités historiques décédées comme Abane, Boudiaf, Messali… et d'autres encore en vie comme Aït Ahmed. A ce propos, Me Bentoumi estime que «Ben Bella a adhéré et a été accueilli comme algérien dans le mouvement national en 1946-47. Il a attendu 65 ans pour proclamer, pour la première fois, qu'il est de père et de mère marocains, en l'occurrence M'barek Mahjoub et SNP Fatma Bent el Hadj, revendiquant implicitement sa marocanité. Aurait-il usé d'une fausse qualité d'Algérien durant cette période contrairement aux Algériens devenus Marocains et au Marocains devenus Algériens sans renier leurs origines et sans le claironner urbi orbi ?» Maître Bentoumi ajoute : «Après cette déclaration, ne ressent-il pas le ridicule d'évaluer l'algérianité d'Aït Ahmed dont les ancêtres, précisément kabyles, sont d'authentiques autochtones d'Algérie depuis la nuit des temps ?» Pour Maître Bentoumi, il est du devoir de tous les témoins des moments charnières de l'histoire du mouvement national de se libérer de l'obligation de réserve et de réagir à tous les fossoyeurs de l'histoire nationale afin que seule la vérité historique soit consacrée et non les humeurs et les fantasmes de ceux qui ont raté des épisodes de cet histoire faite de sacrifices et de souffrances. Amar Bentoumi dit : «Quand on s'est engagé pour l'indépendance de l'Algérie, on s'est engagé à souffrir, à être torturé, à abandonner sa famille et à mourir pour que vive l'Algérie et non pour gagner un poste de responsabilité nationale ou locale.» Les seuls qui n'ont rien à se reprocher à ce sujet sont les martyrs de la révolution dont on a le devoir d'honorer la mémoire, non de la souiller. A. G.
