Photo : Riad Par Kamel Amghar Le foot algérien est peu représenté dans les instances internationales. Les intérêts de nos sélections et ceux de nos clubs y sont, en tout cas, très mal défendus. Les sanctions prononcées à l'encontre des équipes algériennes sont souvent sévères et sans commune mesure avec les verdicts édictés quand nous nous présentons en victimes. La JSK vient, encore une fois, d'en faire l'amer constat. La commission de discipline de la CAF a, en effet, lourdement sanctionné le club kabyle suite à un regrettable incident qui émaillé le match retour JSK-FC Missile, le 6 mai dernier au stade du 1er Novembre, pour le compte du 3ème et avant-dernier tour de la Coupe de la CAF. Un projectile, lancé des gradins, avait alors légèrement touché l'arbitre assistant, provoquant l'arrêt de la partie durant deux minutes. Cet accroc banal, sous la plume du commissaire du match, a pris la dimension d'un grave manquement à l'organisation que l'équipe adverse avait pourtant saluée comme un exemple de réussite. On était effectivement loin du climat terreur qui avait caractérisé le match aller en terre gabonaise quelques semaines auparavant. La sentence prononcée était, de l'avis général, disproportionnée. Pour une bouteille d'eau bêtement lancée par un mauvais supporter, la direction du club a été condamnée au paiement d'une grosse amende de 50 000 dollars qui sera automatiquement retirée des droits réservés à chaque compétiteur. Cette peine financière est aussi assortie d'une menace de suspension d'une année de toute compétition africaine (Ligue des champions d'Afrique et Coupe de la CAF) si une telle anicroche venait à se reproduire. Scandalisé par cette peine abusive, le boss canari, Mohamed Cherif Hannachi, qui compte faire appel de cette décision, souligne la rigueur excessive de la CAF à l'endroit de son team. «Le match s'est déroulé dans de bonnes conditions. Il n'y avait rien eu de grave, ni envahissement de terrain ni aucun incident grave. Je ne comprends rien à cette sanction. C'est grave que la CAF nous sanctionne de la sorte pour un projectile venant d'un supporter, alors que les dirigeants du FC Missile nous ont félicités à la fin de la rencontre. Ils étaient contents, mais la CAF nous massacre aujourd'hui. C'est scandaleux», a-t-il déclaré dans les colonnes d'un confrère.L'année dernière pour le compte de la Champion's League, la JSK avait été rudement «verbalisée» pour une panne de courant qui a affecté son match en nocturne à Tizi Ouzou face aux Egyptiens d'Al Ismaïli : 20 000 dollars d'amende. Pour le même exercice, une forte amende a été également réclamée suite aux escarmouches entre supporters à l'issue du match l'opposant aux Cairotes d'Al Ahly. Les responsables de la JSK estiment que cet acharnement de la CAF finira un jour par asphyxier le club financièrement. Ils se montrent même prêts à boycotter les compétitions africaines pour éviter les foudres de la toute-puissante commission disciplinaire de la CAF.En guise d'illustration de cette politique du «deux poids, deux mesures», il convient de rappeler le guet-apens tendu aux Fennecs à la veille du fameux Egypte-Algérie comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2010. Pour le bus saccagé à la sortie de l'aéroport du Caire par une bande de supporters en furie, avec la complicité avérée des responsables du foot égyptien, ainsi que les blessures et les traumatismes subis par plusieurs joueurs et membres de la délégation, la fédération égyptienne s'en était tirée à bon compte avec une amende de 100 000 francs suisses et deux matchs à jouer en dehors de la capitale égyptienne dans le cadre des éliminatoires de la CM 2014. La FiFA avait, à la même époque, carrément suspendu d'autres sélections pour des défaillances beaucoup moins graves. Pour revenir au cas qui nous préoccupe, des événements d'une grande gravité qui s'étaient produits récemment en Egypte et en Tunisie n'ont pas été aussi fermement réprimés par la CAF. Des milliers de supporters du Zamalek ont envahi le terrain lors du match retour face au Club Africain, agressant joueurs et membres de la délégation tunisienne. La CAF n'avait pas pris alors de sanctions notables à l'encontre du club égyptien. Cette même CAF s'est montrée clémente en sanctionnant les violences qui ont également émaillé le match Club Africain-Hilal du Soudan, et l'envahissement du terrain de Radès (Tunis), contraignant l'arbitre à arrêter la partie à la 85ème minute. La peine infligée à l'équipe hôte s'est limitée à 80 000 dollars d'amende et deux matchs à huis clos. En 2010, la violente «insurrection» des supporters de l'ES Tunis au stade international du Caire lors du match de la Ligue des champions face à Al Ahly a été sanctionnée par une simple amende de 50 000 dollars, soit le montant équivalent au jet d'une petite bouteille d'eau en PET à Tizi Ouzou. A travers ces quelques exemples, et tant d'autres encore que nous ne pouvons citer tous ici, il apparaît clairement que la commission de discipline de la CAF émet ses verdicts en fonction de la tête du client. Les clubs algériens sont toujours sévèrement sanctionnés, alors que leurs vis-à-vis des autres pays semblent bénéficier d'une certaine clémence. S'il est vrai que les équipes algériennes doivent impérativement encadrer leurs supporters pour en finir, notamment, avec l'usage des fumigènes et des pétards à l'intérieur des stades, il est tout autant vrai que la FAF doit dénoncer l'excès de zèle des membres de cette commission de la CAF à chaque fois qu'un club algérien se trouve mis en cause. Les sanctions doivent justement être proportionnelles aux faits reprochés. Prononcer la même peine pour le jet d'une bouteille d'eau à Tizi Ouzou et pour une rixe qui s'est soldée par des dizaines de blessés et un stade quasiment saccagé au Caire constitue la preuve incontestable d'une partialité manifeste dans le traitement des dossiers disciplinaires.