Le président yéménite refuse de céder le pouvoir. Il s'obstine à ne pas signer le plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe. Une situation qui met le pays sur la voie de tous les dérapages. Une situation inextricable qui pousse le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme à craindre le pire. Le Haut commissariat appréhende que les autorités yéménites, par leurs répressions sanglantes de manifestations pacifiques, ne plongent le pays dans «une guerre civile» en réprimant dans le sang des manifestations pacifiques. «Nous avons reçu des informations faisant état de dizaines de morts, dont des femmes et des enfants, dans des affrontements au cours de ces derniers jours», a expliqué hier, un porte-parole du Haut commissariat, Rupert Colville, au cours d'un point de presse. «L'escalade de la violence de ces derniers jours est extrêmement préoccupante, d'autant que le gouvernement et l'opposition étaient si près d'un accord», a poursuivi M. Colville. «Nous craignons vraiment que le gouvernement ne plonge le pays au bord de la guerre civile», a-t-il encore dit. Les combats entre partisans du plus puissant chef tribal du Yémen et des troupes fidèles au président Ali Abdallah Saleh ont fait au moins 68 morts depuis le début de la semaine. «Nous appelons le gouvernement à mettre un terme à l'usage disproportionné de la force contre des manifestations pacifiques», a ajouté le Haut commissariat de l'ONU. Il a lui également demandé de ne plus arrêter de militants, défenseurs des droits de l'homme ou encore journalistes, mais aussi d'«enquêter sur les allégations de crimes commis par les forces de sécurité», a souligné M. Colville. Le porte-parole a indiqué que le Haut commissariat avait reçu le feu vert des autorités en vue d'envoyer une mission sur place en juin. «Mais nous voulons avoir un accès plus rapidement», a-t-il expliqué, soulignant que les négociations se poursuivaient sur les modalités de cette mission. Sur le terrain, sept personnes ont été tuées hier, dont un officier de la Garde républicaine et six hommes armés appartenant à la tribu yéménite de Naham qui ont pris le contrôle d'un barrage militaire au nord-est de la capitale Sanaa, rapportent les agences citant une source tribale. «Un officier commandant un camp proche du barrage a été tué et dix soldats ont été blessés», a précisé cette source, ajoutant que six des assaillants ont également été tués. Après avoir pris le contrôle pendant plusieurs heures de ce barrage situé dans la zone de Fardha, à environ 75 km à l'est de Sanaa, les assaillants ont quitté cette position et rouvert la route reliant la capitale à la ville de Marib. L'armée a lancé des raids aériens sur la zone pour tenter de reprendre le contrôle de cette position et rouvrir la route entre la capitale et Marib, ajoute cette source. La veille, 52 personnes ont été tuées à Sanaa dans des violences opposant des unités de forces gouvernementales à des membres de tribus qui ont rejoint l'opposition pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Le Yémen connaît depuis lundi dernier une flambée de violences après l'échec de l'initiative des pays du Golfe pour désamorcer la crise sans précédent qui secoue ce pays depuis plusieurs mois. G. H./agences