L'Egypte a rouvert hier à titre permanent sa frontière avec la bande de Ghaza, autorisant pour la première fois depuis quatre ans la libre circulation des personnes. La mesure, probablement un effet vertueux de la révolution égyptienne, est salué par les Palestiniens mais mal admis par Israël. La réouverture du point de passage de Rafah, le seul de l'enclave palestinienne qui ne soit sous control israélien, vise à alléger le blocus imposé par l'Etat hébreu à la bande de Ghaza depuis cinq ans. Ghaza compte plus d'un millions et demi d'habitants vivant dans des conditions de plus en plus extrêmes. Une situation intenable du point de vue humanitaire mais tolérée par les puissances occidentales qui se limitent à des critiques soft à l'endroit de l'occupant. Dès l'ouverture hier du portail un autobus, à bord duquel ont pris place une cinquantaine de passagers, et deux ambulances transportant des malades ont traversé le poste-frontière en direction du territoire égyptien marquant le début d'une situation nouvelle. Selon les modalités annoncées par l'agence officielle égyptienne MENA, le point de passage sera ouvert tous les jours de 9 à 17 h locales, à l'exception des vendredis et des jours fériés. Seules les personnes seront autorisées à passer. Les femmes palestiniennes de tout âge seront exemptées de visa. Les hommes âgés de moins de 18 ans ou de plus de 40 ans n'auront plus besoin également de ce document. L'exemption s'applique aussi aux Palestiniens voulant étudier en Egypte tant qu'ils ont une preuve de leur acceptation dans une université. Les hommes âgés de 18 à 40 ans ont en revanche besoin d'une autorisation de la sécurité égyptienne. L'annonce de cette réouverture avait été faite fin avril par l'Egypte deux jours après le parrainage par ce pays d'un accord de réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, Hamas et Fatah. Depuis la chute de Moubarak sous la pression populaire le 11 février, les nouvelles autorités ont desserré l'étau sur le passage de Rafah, qui n'était auparavant ouvert que de manières épisodiques. La décision égyptienne est le résultat conjugué du changement en Egypte et de la réconciliation palestinienne. Le régime déchu de Moubarak était régulièrement accusé de complicité de fait avec l'inhumain blocus. Le refus de maintenir le terminal ouvert sous prétexte de lutte contre les trafics et autres parades sécuritaires était difficilement accepté en Egypte et dans le monde arabe. L'attitude égyptienne notamment lors des sanglantes agressions israéliennes visant le peuple de Ghaza, était souvent assimilé à une non-assistance à peuple en détresse. Cette prison à ciel ouvert a poussé les ghazaouis à creuser des tunnels sous la frontière entre l'Egypte et Ghaza. Imposé en juin 2006 le blocus de Ghaza a été considérablement renforcé. Israël a maintenu un strict embargo maritime et l'interdiction des exportations. En décembre 2008 Israël bombarde massivement les centres urbain de l'enclave tuant plus de 1 300 Palestiniens dont les deux tiers des femmes et des enfants. Une enquête du Conseil des droits de l'homme des Nations unies a produit le Rapport Goldstone (avant de se déjuger sous la pression israélienne) qui accuse l'Etat hébreu d'avoir commis des «actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité.» M.B