De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Point besoin d'attendre le mois de Ramadhan pour se rendre compte que les associations de protection des consommateurs n'ont aucun impact sur la vie économique du pays. Leurs voix, quand elles se font timidement entendre, ne sont perçues ni par les pouvoirs publics autistes ni par les consommateurs désabusés et, encore moins, par les commerçants dont les oreilles ne frémissent qu'au doux tintement des pièces d'argent. «De toutes les manières, les associations n'ont, généralement, aucune influence réelle en Algérie, explique un proche des cercles associatifs oranais. C'est l'Etat et uniquement lui qui décide de tout, en dépit de l'insistance de ses représentants à vanter le rôle attendu du mouvement associatif.» Selon certains observateurs, la léthargie du mouvement associatif n'incombe pas uniquement aux associations dont beaucoup n'ont d'existence que sur le papier, mais aussi aux autorités locales, lesquelles ne fournissent aucun effort. «Ce sont celles-ci qui font de l'ombre aux associations dynamiques et qui sont responsables de la déliquescence du mouvement», affirme-t-on du côté des pouvoirs publics. Tournant le dos aux causes réelles ou supposées de l'inefficacité des associations, le consommateur, lui, continue de se débattre contre la hausse des prix, et ne voit qu'une chose : il est abandonné de tous les côtés. «Qui a tort et qui a raison ? On s'en moque, répond-on à Oran. Le fait est que chacun essaie de tirer la couverture de son côté, toujours au détriment du pauvre citoyen.» La lassitude est, sans doute, le terme qui qualifie le mieux la situation à laquelle les consommateurs oranais sont arrivés ces dernières années. L'érosion du pouvoir d'achat, conjugué à la cherté de tous les produits, mais aussi l'absence d'un espace organisé, en l'occurrence une véritable association de défense de leurs intérêts, qui leur permettrait d'exprimer leur désarroi, font qu'ils subissent (presque) sans rechigner le diktat du marché. «Une véritable association est non seulement le réceptacle des doléances des consommateurs, mais une force capable d'influer sur le marché», plaide Noureddine, 40 ans, visiblement attiré par les associations occidentales. En France, par exemple, on décompte 18 associations de consommateurs agréées, disposant de 4 000 antennes locales qui reçoivent les demandes d'information et fournissent une aide juridique en cas de litige. L'Association de protection et de conseil des consommateurs de wilaya d'Oran, agréée en 1999, reste, probablement, la seule qui milite, malheureusement d'une manière épisodique, pour le respect des droits des consommateurs. C'est elle qui, en mars 2005, a organisé le 2e congrès national sur la protection du consommateur, en juin de la même année, en organisant une campagne de sensibilisation, ayant ciblé le marché de la Bastille, sur des produits périmés et ceux fabriqués et stockés dans de mauvaises conditions de conservation. Et c'est cette association encore qui, en juin 2006, a participé à la journée d'information et de sensibilisation sur les intoxications alimentaires organisée à Oran par la direction du commerce. Malgré tout, l'activité de l'association, pour louable qu'elle soit dans le désert associatif oranais, reste insuffisante et manque de proximité avec les consommateurs. Ces derniers ne se reconnaissent dans aucune structure associative et pour eux ces associations ne naissent que pour «profiter des subventions et se remplir les poches». En tout cas, en ce Ramadhan, comme pendant les précédents d'ailleurs, aucune association de protection des consommateurs n'est venue vigoureusement interpeller les pouvoirs publics ou les commerçants sur la nécessité de baisser les prix prohibitifs subis de tous.