De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali L'absence de stratégie de promotion des Arts ces vingt dernières années, l'indifférence frisant le mépris des pouvoirs publics vis-à-vis de la pratique artistique et le manque de soutien aux différentes initiatives qui, pour la majorité, se sont éteintes sitôt allumées n'ont pas empêché de nombreux «rêves» d'aboutir, malgré tout. Certains n'ont pu voir le jour qu'ailleurs dans des pays où le secteur de la Culture jouit (presque) de la même considération que ceux de la Santé ou de l'Education, d'autres ont éclos sur la terre algérienne envers et contre tout et tous.A Oran où le potentiel artistique se révèle tous les jours mais généralement en dehors de tout cadre organisationnel, les exemples d'expériences abouties ne font pas légion. Ce qui explique que certains artistes ont rejoint la cohorte des expatriés en quête de meilleures conditions de vie et que beaucoup d'autres ont dû baisser les bras après avoir inutilement tout laissé et sacrifié ou ont abandonné avant d'avoir commencé. Pourtant, durant ces deux décennies, des caractères ont émergé, refusé la triste réalité et se sont attelé (ils continuent encore aujourd'hui) à donner corps à leur vision. Avec son travail acharné de tous les jours, Mohamed Mihoubi, homme de théâtre, responsable de la troupe El Amel, est l'exemple type des quelques artistes qui se battent avec cette profonde conviction «d'y arriver un jour» : «J'ai beaucoup d'idées et je ne serais satisfait que lorsque je les aurais concrétisées». «Le théâtre est une pente qu'il faut gravir continuellement,malgré les embûches et les handicaps», répète-t-il continuellement en affirmant ne rien attendre (et ne rien devoir) des pouvoirs publics même s'il admet que le théâtre algérien (comme tous les autres arts) se porterait mieux s'il y avait une véritable stratégie de promotion : «De nombreuses troupes amateurs se sont produites à l'étranger et ont suscité l'enthousiasme du public mais ces expériences ont été réalisées individuellement ou grâce à des canaux associatifs et non pas dans un cadre formel», remarque-t-il en affirmant que beaucoup reste encore à faire avant de pouvoir s'enorgueillir d'un théâtre vivant.Après 34 années de pratique théâtrale, Mohamed Mihoubi a réussi - malgré tout les écueils - à s'imposer comme partenaire de la télévision algérienne (qui a filmé huit de ses sketchs), à sortir sa troupe de l'anonymat dans lequel elle végétait,elle a été plusieurs fois primée lors de festivals de théâtre amateurs en France ou au Maroc, et, surtout, à imposer depuis une dizaine d'années un rendez-vous théâtral annuel qui draine du monde : le festival du théâtre touristique et scientifique des jeunes. Aujourd'hui, la troupe de théâtre amateur El Amel, qui jouit désormais d'une certaine reconnaissance, est régulièrement invitée pour prendre part à des manifestations culturelles maghrébines ou africaines et joue un rôle prépondérant dans l'animation culturelle nationale. Pour autant, Mihoubi n'arrête pas de créer, de jouer et de mette en scène. Pour lui, travailler avec acharnement et ne jamais baisser les bras, c'est aussi un moyen de se battre pour la promotion du théâtre.