Photo : M. Hacène Par Amirouche Yazid Scandalisés par les réponses qui leurs ont été adressées par le Premier ministre et le ministre de la Santé, les médecins résidents ont exprimé leur détermination à aller au bout de leurs revendications. La réaction des médecins-résidents intervient quelques heures avant le sit-in prévu aujourd'hui au CHU d'Oran.Dans le point de presse tenu, hier, au siège de l'Unpef, à Alger, les membres du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) ont démenti les propos des officiels. Les animateurs du mouvement ont tenu ainsi à dénoncer la campagne de diabolisation et de dénigrement qui est menée à leur encontre. «Les médecins résidents sont scandalisés par les propos tenus par le premier ministre. Ces déclarations sont irrecevables. Nous n'avons pas de leçons de patriotisme et de nationalisme à recevoir de quiconque», lâche le docteur Yellès. Pour les médecins résidents, il n'y a pas l'ombre d'un doute : il s'agit d'une fausse réponse à de vrais problèmes. Pour eux, «une politique de santé basée sur les chiffres ne peut pas être efficace». Concernant la question du service civil, un des points de divergence avec la tutelle, les médecins résidents ont réitéré leur proposition. «Il faut privilégier l'incitation au lieu de l'obligation», disent-il. Et à ce sujet, les officiels ont eu pour leur grade. A commencer par le premier responsable du secteur, qui appelle les médecins résidents à contribuer à une sorte de solidarité dans la médecine. «Nous voulons une médecine de qualité, pas une médecine de solidarité. Il n'y a plus de place pour une médecine au rabais», ont-ils déclaré. Iliès Akhamoukh, médecin originaire de Tamanrasset, trouve aberrante les réponses des officiels. Exhibant sa fiche de paie de 31 900 dinars, Iliès note que «50 ans après l'indépendance, les dirigeants nous disent qu'il faut aider les gens du sud». Un tel discours cache, expliquera t-il, un échec énorme du pays. «Les gens du sud, comme ailleurs, méritent une médecine de qualité et pas une caravane de médecins», tonnera t-il. Afin de tordre le cou à l'idée selon laquelle les médecins refuseraient d'aller au sud pour accomplir leur service civil faute de moyens, les intervenants révèlent un manque plus que criant de moyens dans des établissements du nord. Un médecin résident exerçant à Annaba a ainsi soutenu que «le Centre hospitalo-universitaire de la Coquette manque de bloc opératoire». Toufik Yellès, du CHU Mustapha Bacha, indiquera par la suite, sur un ton de regret, que «l'Algérie ne dispose que de 13 CHU, 50 ans après l'indépendance». Sur le 13 CHU, aucun n'est implanté dans le sud du pays. D'où la caducité de cette obligation faite aux médecins résidents d'aller «aider les gens du sud». M. Bouallègue Abdelhamid, de l'association des malades chroniques, expliquera ce constat par le lobby des professeurs des CHU qui seraient contre la construction de CHU au Sud. A. Y. 20 sit-in, 2 marches et une trentaine de blessés. En grève depuis le 27 mars dernier, les médecins résidents ont établi hier le bilan de leur mouvement. Il a été ainsi indiqué que les médecins résidents ont tenus 20 sit-in nationaux jusqu'aujourd'hui. En plus des sit-in, le CAMRA a pu marcher à Alger deux fois, la dernière le 1er juin. Les médecins résidents ont dénoncé la répression sauvage qui s'est abattu sur eux lors de cette marche. Les membres du Camra déplorent une trentaine de blessés. Ils annoncent, à cet effet, qu'ils sont entrain d'étudier la possibilité de déposer plainte. A. Y. 122 rencontres, aucun point réglé «Nous sommes dans une logique d'apaisement et de dialogue. Mais force est de constater que les rencontres avec la tutelle n'ont rien donné. La tutelle doit prouver son intention de répondre à nos revendications», soutient un représentant des médecins grévistes. Le même intervenant fera ainsi savoir que 122 rencontres ont réuni les deux parties sans que cela ne règle point.