Le ministre français des Affaires étrangères atterrira mercredi en début de soirée à Alger pour une visite de 24 heures. L'information est devenue officielle dès vendredi après-midi, avec la confirmation du porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. «C'est une visite importante, entre deux pays partenaires depuis si longtemps, entre deux acteurs du Sud et du Nord de la Méditerranée, et importante aussi parce que nous avons avec nos partenaires algériens toute une longue série de sujets politiques et diplomatiques à aborder», a annoncé le responsable français. «Bien évidemment, je n'ai pas besoin de rappeler la diversité et la richesse des relations que nous entretenons avec l'Algérie», a-t-il déclaré. Dans d'autres circonstances, cette visite serait inscrite au rang des échanges «normaux» entre deux voisins qui ont des liens parfois mouvementés. Cette visite est la première, à ce niveau, d'un responsable français depuis celle, en juillet 2008, du Premier ministre François Fillon. Il y a eu, entre temps, deux visites de Michèle Alliot-Marie, en tant que ministre de l'Intérieur, puis de la Justice. Mais à ce moment-là, les relations entre les deux pays étaient déjà suffisamment détériorées au point qu'aucun responsable français n'était reçu à El-Mouradia. Deux ans et trois mois après la visite de François Fillon, Abdelaziz Bouteflika avait reçu, en octobre, la Garde des Sceaux de la France. C'était l'occasion d'annoncer que «les relations algéro-françaises se portent bien». C'était le début d'un dégel qui ne veut pas dire son nom. Avant la venue de celle qui est devenue ministre des Affaires étrangères de Sarkozy pour quelques semaines -elle a été emportée par des informations portant sur des avantages reçus de l'ancien régime tunisien- le chef de l'Etat français avait déjà désigné Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, comme «facilitateur» pour les entreprises françaises en Algérie. l'économie prend parfois le dessus sur la politique et les protocoles. Les affaires dictent leurs lois et méprisent les convenances et les principes. C'est ce qui s'applique aux relations algéro-françaises.Il est vrai qu'à un moment, les blocages étaient dus à des questions purement politiques. La présence de Bernard Kouchner, chef de la diplomatie française jusqu'à novembre 2010, était un véritable obstacle à des relations diplomatiques apaisées. Outre ses prises de positions parfois controversées, le French doctor s'était aussi laissé aller à des réflexions qui avaient froissé les dirigeants algériens. Il avait par exemple affirmé que les relations entre les deux pays pouvaient s'améliorer avec la disparition de la «génération» qui est au pouvoir actuellement.Avant cette boutade de Bernard Kouchner, l'affaire du diplomate Mohamed-Ziane Hasseni, accusé d'être derrière l'assassinat, en 1978, de l'avocat franco-algérien, Ali-André Mécili, avait fini par bloquer complètement les liens entre les deux capitales. Le diplomate a fini par être acquitté en août 2010. Il est actuellement ambassadeur d'Algérie à Bogota, en Colombie.La dernière visite de Jean-Pierre Raffarin et de Pierre Lellouche, Secrétaire d'Etat français chargé du commerce extérieur, la semaine dernière a donné un coup d'accélérateur aux relations économiques entre les deux pays. Plusieurs accords importants ont été signés entre les deux parties. Signe de la relance des relations bilatérales : le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait accepté une invitation à déjeuner à la villa des Oliviers, résidence de l'ambassadeur de France. Les relations économiques mises dans un cadre précis, le chef de la diplomatie française discutera avec les responsables algériens des questions régionales et internationales. A commencer par la crise libyenne. Puisque les deux pays sont concernés pour différentes raisons. La France est à l'avant-garde des attaques alliées contre le régime d'El-Gueddafi et l'Algérie est un voisin qui a le souci de la sécurité de ses frontières.En plus de ses entretiens avec Mourad Medelci , Le chef de la diplomatie française sera reçu par le président de la République et le Premier ministre. A. B.