Photo : Sahel Par Younès Djama Le service minimum «continuera à être assuré» par les médecins résidents. Mieux, cette question n'était même pas à l'ordre du jour de la réunion qui a regroupé, hier à Sétif, les délégués du Camra des différents CHU du pays. C'est ce que nous a assuré hier le docteur Sid-Ali Merouane qui précise, néanmoins, que la grève, entamée il y a trois mois, est maintenue. Les délégués du Camra réunis hier à Sétif n'étaient pas encore parvenus, hier en fin d'après-midi, à s'entendre sur un consensus quant aux actions prochaines que le collectif compte entreprendre, suite aux ponctions sur salaires décidées par Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé.«L'arrêt de la grève n'est pas à l'ordre du jour», assène le Dr Merouane. Selon lui, le maintien de la grève est justifié par plusieurs raisons essentiellement d'ordre pédagogique. Notre interlocuteur signale que les chefs des comités pédagogiques font toujours fi d'une note ministérielle datée de décembre 2010 et relative à l'abrogation de l'arrêté 709 portant sur les examens intercalaires sanctionnants. Dans sa correspondance, Rachid Harraoubia s'est prononcé pour l'abrogation dudit arrêté. Cependant, certains comités pédagogiques se montrent récalcitrants et continuent à défier le ministre. «Ils ont décidé de maintenir ces examens avec leur caractère sanctionnant bien que la tutelle ait plaidé pour leur suppression», déplore le délégué du Camra. Les médecins résidents ont interpellé la tutelle sur le caractère coercitif de pareille mesure en ce sens qu'elle fait peser sur le médecin résident une radiation du résidanat en cas d'échec dans l'examen. «Le résident court chaque année le risque d'être exclu», concède le Dr Merouane pour qui «l'absence de garant à l'application de la note ministérielle conforte davantage les résidents dans leur décision de maintenir leur grève». Sur le même registre pédagogique, notre interlocuteur relève que la proposition des médecins résidents de mettre en place un nouveau «cahier des charges» pour les différentes spécialités, n'a touché que 20 sur 60 spécialités. «La proposition consiste en fait à améliorer la qualité des programmes enseignés. Nous regrettons que l'application de notre proposition n'ait touché que 20 spécialités, alors que 40 autres sont toujours concernées», explique le délégué du Camra pointant de nouveau du doigt les chefs des comités pédagogiques. Par ailleurs, les délégués du Camra déplorent qu' «aucune suite n'ait été donnée à la promesse faite par Abdelaziz Ziari, président de l'APN, quant à mettre en place dans les plus brefs délais une commission d'enquête sur le service civil». Même réaction à la non-signature du statut des médecins résidents. Alors que Djamel Ould Abbès croyait bien faire pour rappeler à l'ordre les médecins résidents en leur agitant le spectre de l'année blanche, le ministre de la Santé s'est mis lui-même dans de sales draps. Une situation peu enviable. «La tutelle pensait nous intimider en menaçant que l'année blanche allait être plus préjudiciable pour nous que pour le secteur. Or, effet boomerang, le spectre de l'année blanche qui est un épouvantail pour les résidents, n'en est pas moins un monstre pour le ministère de la Santé», confie le délégué du Camra. Pour étayer ses propos, notre interlocuteur appuie son «argumentaire» en expliquant qu'en cas d'année blanche, «il n'y aura pas de promotion de spécialistes pour l'année 2012. D'un autre coté, il y a un fort risque de manque de place pour les tests de résidanat, un casse-tête pour les chefs de services qui éprouveront d'immenses difficultés pour trouver de la place à tous ces candidats». Le Dr Merouane a, par ailleurs, qualifié l'attitude du ministre de la Santé de «grave». «Au lieu de prendre en charge nos revendications, ils (les responsables du ministère de la Santé, Ndlr) font dans les menaces, les intimidations et la diffamation. Par cette attitude condamnable, ils fuient leurs responsabilités à défaut de les assumer !» a-t-il déclaré. De son coté, le Dr Sahnoun présent au «conclave» de Sétif, a confirmé l'existence de ponctions effectives sur salaires, sans plus de détails. Les délégués réunis hier à Sétif n'étaient toujours pas parvenus à un «consensus national» quant aux actions à entreprendre suite à cette décision du ministre.