De notre correspondant à Bejaia Kamel Amghar Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques a effectué, hier, une visite de travail et d'inspection à Béjaïa pour s'enquérir de la situation de son secteur et superviser l'avancement des projets lancés ces dernières années à travers la wilaya. Le nouveau port de pêche et de plaisance de Tala Guilef, situé sur la côte Ouest à 22 kilomètres de la ville, a été la première escale de la délégation ministérielle, accompagnée par le wali et les autorités locales. Cette importante installation, lancée en 2007 dans le cadre du Programme complémentaire de soutien à la croissance économique (PCSCE), sera officiellement réceptionnée au mois d'août prochain et entrera en activité début septembre. Abdellah Khanafou a annoncé, à l'occasion, que ce nouveau port sera doté d'une brigade de la police de pêche pour veiller au strict respect des règles régissant l'exploitation des ressources halieutiques. Protégé par deux jetées qui s'étendent sur des centaines de mètres, le nouveau terminal s'étale sur 7 hectares de terre plein et un plan d'eau de 6 hectares avec une passe d'une centaine de mètres linéaires. L'infrastructure, qui comprend aussi une cale de halage, une estrade de réparation et un poste d'avitaillement en carburants, dispose d'une capacité d'accueil de 100 bateaux de pêche et 50 unités de plaisance. Ses concepteurs estiment que cette acquisition offrira 1 000 postes d'emploi directs et autant indirects. Confié au Groupement des travaux des ports de Béjaïa (GTPB), le projet a coûté 3,75 milliards de dinars aux caisses de l'Etat. En seconde étape, le ministre s'est rendu à la ferme aquacole de Tazeboucht, un petit village voisin. Investissement d'un opérateur privé, ce site d'élevage marin –il s'agit essentiellement de loups et de dorades- ambitionne de produire 750 tonnes par an pour répondre à la forte demande qui caractérise le marché. La délégation s'est ensuite rendue dans la commune d'Oued Ghir pour inspecter un atelier de fabrication de petits métiers de pêche appartenant aussi à un particulier, avant de rallier le port de Béjaïa où le ministre avait eu une séance de travail avec les différents intervenants dans le secteur. L'occasion a été offerte aux pêcheurs et à d'autres intervenants d'exposer leurs préoccupations. Le premier responsable du secteur a réclamé à la direction locale d'élaborer une fiche technique détaillée pour disposer de toutes les données nécessaires à la prise de décision. Avec une production annuelle qui oscille entre 3 000 et 3 500 tonnes sur un stock établi de 5 000 tonnes, le secteur de la pêche à Béjaïa reste cependant loin d'atteindre ses performances optimales. Le coût astronomique du poisson sur le marché traduit cette réalité. Le kilogramme de sardine oscille entre 250 et 400 dinars. Les fruits de mer et les espèces dites nobles sont carrément hors de prix. Certaines mauvaises langues disent que nos pêcheurs monnayent leurs prises au large au profit des espagnols et des italiens. D'autres évoquent la spéculation accusant divers intermédiaires de se sucrer sur le dos des pêcheurs. La réalité est, en tout cas, amère. L'incroyable flambée des prix du poisson est un indice de contre performance. L'accroissement de la production, le respect des normes en matière de pêche et l'organisation du marché, voilà les trois défis qui se posent, aujourd'hui comme hier, aux responsables du secteur.