La France ne croit pas à l'envoi par l'Algérie de mercenaires en Libye. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui a effectué une visite de deux jours en Algérie, a tenu lui-même à démentir ces accusations qu'il qualifie d'«infondées». «Nous en avons naturellement parlé avec mon homologue Medelci et avec le Premier ministre. Nous n'attachons pas trop d'importance à ces accusations infondées», a répondu le ministre français des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse conjointe animée jeudi avec Mourad Medelci à Alger. Pour ne pas étayer leurs divergences sur cette question libyenne, les deux ministres se sont donc limités à l'essentiel : rechercher une solution politique à un conflit qui a l'air de prendre une tournure plutôt militaire. «La poursuite des attaques militaires n'est pas une fin en soi», a précisé Alain Juppé, qui a parlé de recherche d'une «solution politique». Son homologue algérien a réitéré la position cardinale de l'Algérie qui consiste à appliquer les résolutions des Nations unies, tout en poursuivant les efforts pour une solution pacifique. «Nous avons dès le départ appuyé la décision de la Ligue arabe qui a exclu la Libye de ses rangs. Nous poursuivons, également, les efforts dans le cadre de l'Union africaine pour une solution pacifique à la crise», a estimé Mourad Medelci. «Les attaques contre les forces d'El-Gueddafi ne sont pas la seule œuvre de la France», a tenté de rectifier Juppé, qui a précisé que l'OTAN et l'Union européenne vont continuer à travailler avec «l'Union africaine et la Ligue arabe» en vue de résoudre ce problème. L'Algérie ne reconnaîtra pas de sitôt le Conseil national de transition en Libye. Rappelant que l'Algérie a toujours travaillé avec les pays de l'Union africaine, le ministre des Affaires étrangères attend donc une décision collective avec les autres pays avant de trancher. «C'est une position collective que l'Algérie adoptera lorsqu'il s'agira de reconnaître le Conseil national libyen de transition (CNT)», a-t-il répliqué. La France apprécie le leadership de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, selon Alain Juppé. «La France n'est pas un pays du Sahel. Mais elle dispose d'intérêts énormes dans la région. Mais la priorité pour l'instant est donnée aux pays de la région, qui font un travail formidable dans la lutte contre le terrorisme et les autres trafics», a indiqué le ministre français des Affaires étrangères.