Photo : Sahel Par Youcef Salami Hali Badji, écrivaine, et représentante de la société civile tunisienne et dont les parents ont contribué à la révolution algérienne de novembre 1954, était présente aux états généraux de la société civile que le CNES algérien, une institution consultative dirigée par Mohamed Séghir Babes, a organisés du 14 au 16 juin dernier, au Palais des Nations, à Alger. Dans une communication brillamment faite et fortement ovationnée, Hali Badji a grossi le trait sur la révolution tunisienne du 14 janvier dernier, mettant en relief le fait que la Tunisie s'est installée aujourd'hui dans les temps modernes et qu'elle s'est dégagée de toute emprise partisane. Par bien des aspects, la révolution tunisienne ressemble à la chute du mur de Berlin, un évènement extraordinaire qui avait fait disparaître le parti unique, fait-elle remarquer. La révolution tunisienne, ce sont des marginaux qui l'ont faite, relève Hali Badji. Des marginaux ? demande l'assistance, quelque peu médusée. «Révolution accomplie par de jeunes marginaux, de jeunes anonymes, sans appartenance politique», rectifie-t-elle, sous les applaudissements de la salle du Palais des Nations. Cette révolution, c'est quelque chose comme du jamais vu, en Tunisie, c'est exceptionnel, dit-elle, émue. La militante tunisienne estime également que la révolution en Tunisie a donné lieu à du changement, le vrai, sur tous les plans, et c'est ce à quoi aspirent les Tunisiens, tous les Tunisiens.«C'est, insiste-elle, un changement qui a fait qu'une nouvelle citoyenneté est en train de se construire, non seulement en Tunisie, mais aussi dans les pays arabes, et peut-être dans le monde. Que la Tunisie est le nouveau monde». «Je le dis en toute humilité, en rendant gloire à tous ceux qui l'ont initié», déclare-elle. Hali Badji a par ailleurs expliqué que le facteur déclenchant de ce mouvement trouve origine dans «le moral, dans l'humain, et non pas dans le religieux», «cela ne veut pas dire que les Tunisiens ont «quitté» leur piété, s'en sont départis», ajout-t-elle. Elle relève dans le même chapitre que les Tunisiens voulaient et veulent encore «dignité», «liberté» et «égalité», ce sont des droits naturels. «Cela est acquis aujourd'hui ; la matraque, c'est fini, l'autorité ne s'exerçant plus par la force», dit-elle. Hali Badji déclare, dans un autre registre, que nous avons initié une série de séminaire sur la démocratie, estimant cependant qu'il ne peut y avoir de démocratie sans fonder une constituante. La mise en place d'une constituante en Tunisie a été ajournée à l'automne prochain.