Photo : Sahel Par Youcef Salami Pour Jean Paul Carteron, président du Forum de Crans Montana, les états généraux organisés par le Conseil économique et social (CNES), une institution que préside Mohamed Séghir Babes, constituent une belle occasion pour mettre en synergie toutes les forces de propositions, développer une approche autonome, dégager un processus de discussion et de dialogue social le plus large possible. Jean-Paul Carteron estime que l'initiative traduit la volonté du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d'ouvrir le débat. Le président du Forum de Crans Montan a remonté le temps, en rappelant qu'il y a vingt six ans, il avait créé une organisation à objectif noble : rendre humain le monde dans toute sa diversité. Objectif atteint ? Non. Tel qu'il évolue aujourd'hui, le monde ne renvoie pas l'image que voulait voir le président du Forum de Crans Montana. La raison en est simple : que ce soit dans le monde arabe ou dans le monde développé, (les pays industrialisés), il y a une fracture générationnelle, entre ceux de «l'Etablissement» et la population, relève Jean-Paul Carteron. Nos économies progressent dans des voies qui n'ont rien à voir avec les intérêts de l'être humain, résume-t-il. Pour Antonio Marzano, président du Conseil économique et social d'Italie (Cnel) et président également de l'Union internationale des conseil économiques et sociaux (AIECESIS), c'est légitime que les jeunes (allusion au Printemps arabe) aspirent à la démocratie, au travail, car, ajoute-t-il, par le travail, par la démocratie participative, chacun se donne la possibilité de participer à la vie civile, toutes les franges de la société peuvent s'exprimer. «La démocratie est une expérience collective que chaque peuple peut choisir, on ne peut pas l'imposer, c'est un aspect fondamental», note-il. Mettant en avant également ce qui se passe dans certains pays arabes, Antonio Marzano estime que c'est une belle expérience, un bon signe, non seulement pour les pays en voie de développement, mais aussi pour les pays émergents, parce que, dit-il, la croissance doit s'accompagner de démocratie, que chaque peuple doit suivre son parcours en matière de croissance. Pour lui, les états généraux dont il est question sont à même de promouvoir le dialogue social dans la société algérienne.L'Afrique, fortement représentée dans ces états généraux a exposé ses approches, ses points de vues sur la manière dont il faudrait impliquer la société civile dans l'instauration d'une réelle démocratie participative. Michel Kamano, président du Conseil économique et social de Guinée et président de l'Union des conseils économiques et sociaux d'Afrique (Ucesa), relève que la société civile dans le continent noir refuse de supporter à elle seule les politiques opaques des pouvoirs publics. «Ce qu'on veut en Afrique, c'est une gestion plus orthodoxe des budgets, des finances, au bénéfice de nos nations, c'est aussi un secteur privé plus performant, en mesure de saisir les opportunités d'investissement qui crée de la valeur ajoutée», recommande-t-il.Michel Kamano propose également que les pouvoirs publics veillent à une justice juste pour tous, à des services sociaux équitables. L'ambassadrice de l'Union européenne à Alger était également de cette rencontre. Elle a parlé au nom des Conseils économiques et sociaux de l'Union européenne. Elle a souligné que l'UE n'est pas restée et ne restera pas indifférente au Printemps arabe, que les évènements qui se sont produits dans certains pays arabes ont poussé les Vingt Sept à revoir leur stratégie avec ces pays. La nouvelle approche de coopération sera désormais basée sur des normes universelles en termes de droits de l'Homme et de démocratie, a-t-elle expliqué. La diplomate européenne a cependant nuancé ces propos, en affirmant que l'UE n'a pas l'intention d'imposer des modèles de réformes et qu'elle continue à soutenir la société civile.Hali Badji, présidente du conseil économique et social de Tunisie fortement ovationnée a fait, elle, un brillant exposé sur la révolution tunisienne. Une révolution conduite par des marginaux, de jeunes marginaux, a-t-elle dit. Ces jeunes ont fait qu'une nouvelle citoyenneté est en train de se forger, non seulement en Tunisie, mais également dans le monde arabe, voir dans le monde, a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que la Tunisie est entrée dans les temps modernes, et qu'elle s'est dégagée de toute emprise partisane.Prises séparément ou «mixées», les approches exposées par les invités du Cnes, les acteurs de la société civile en Algérie peuvent s'en inspirer.