«La transition systémique en Algérie devrait être faite de façon ordonnée, sans aller vers des changements par un tsunami dévastateur», a suggéré jeudi le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed Seghir Babès. L'invité de l'émission «Jeudi économie» de la radio algérienne internationale a indiqué au sujet de l'exigence d'entamer des réformes fondamentales que «c'est au prix d'un débat contradictoire qu'on peut arriver à un consensus». «Il faut changer le système de façon non cataclysmique», a-t-il recommandé, admettant que l'Algérie pourra être influencée par les révoltes qui se sont manifestées dans le monde arabe. Au delà des contextes qui prévalent dans ces pays, l'Algérie a pris conscience et a balisé le chemin pour aller vers des réformes profondes sur tous les plans. «Les éléments contextuels qui ont marqué la conjoncture durant les quatre derniers mois ont inscrit dans le décor quotidien de l'Algérie des prégnances économiques et sociales intenses, interpellant le CNES à agir», a-t-il analysé. Dans ce cens, cette instance consultative, forte de 180 membres, a décidé d'élargir le cercle des initiés au dialogue. Les membres actuels, reconnaîtra le président, «ne sont pas suffisamment représentatifs pour renvoyer la bonne image de la société civile», d'où la nécessité d'ouverture du dialogue à d'autres espaces. C'est ainsi que cette institution compte organiser «les assises de la société civile», à la mi-juin, avec l'espoir de saisir cet événement pour organiser la société civile et la hisser au rang d'acteur clé dans la gestion des affaires publiques. Pour lui, il y a urgence à réunir la société civile pour engager un «dialogue social» qui a «tant manqué ces dernières années». Le Cnes s'ouvrira à d'autres instances syndicales, outre l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) qui compte 30 membres au sein de cette institution. Les syndicats autonomes, a-t-il appuyé, sont porteurs de revendications et représentants de différentes catégories. «La société civile est décriée parce qu'elle même est stigmatisée par un passé chaotique et cahoteux», a-t-il déploré, ajoutant que «la puissance publique a épuisé sa fonction d'Etat constitué». En impliquant les éléments de la société civile, l'Algérie réunira les conditions pour devenir un pays émergent. «Le Cnes se fera un devoir majeur de transmettre les revendications aux pouvoirs publics», proposant d'aller à une quadripartite composée des pouvoirs publics, syndicats, patronat et société civile. Le Cnes a été chargé, par ailleurs, par le président de la République, de piloter une réflexion nationale sur le développement local et sur l'incitation à l'investissement productif. Il devra animer une concertation pour définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adapter aux besoins de la population. Pour ce projet, il y aura une concertation avec le gouvernement, les représentants locaux, les assemblées populaires de wilayas et de communes, a annoncé M. Babès.