Elles se sont déroulées comme toutes les autres années, malgré une série d'annonces, un changement de chef de gouvernement. Aucune secousse digne de ce nom n'a été enregistrée, à part des épiphénomènes sans incidence sur le quotidien des gens, sans aucune réforme systémique à même de faire basculer frontalement l'Algérie dans la modernité. On a même analysé çà et là la reconduction d'un statu quo que la quiétude du Parlement n'est pas venue chambouler. Les rentrées se sont passées avec les mêmes dysfonctionnements dans le système éducatif, avec les mêmes refrains sur la hausse des prix, l'absentéisme au travail, les mêmes victimes sur les routes et, enfin, avec les mêmes spéculations autour de l'élection prochaine qui point rapidement à l'horizon. Le seul fait majeur à l'externe qui concerne directement et plus qu'on le pense l'Algérie est la préoccupante chute du prix du baril. Cette dernière va influer directement sur la facture alimentaire, peut remettre, selon leur envergure, en cause certains investissements lourds et des dépenses annoncées l'une derrière l'autre alors que le coût du baril imposait aux Européens des économies sur le carburant et de changer de mentalité quant aux énergies, à l'environnement et même aux dépenses habituellement consacrées aux vacances. M. Bouteflika a donné un coup d'arrêt, non pas aux privatisations et encore moins aux investissements étrangers directs. Il a estimé qu'il fallait marquer une pause, mettre les choses à plat et regarder autrement les entreprises nationales, quel que soit leur statut juridique, pour intégrer toutes celles qui peuvent l'être dans un processus de développement favorisant à chaque fois que c'est faisable les ressources nationales. Le séisme financier qui menace toutes les économies a remis au goût du jour les nationalisations. Le concept n'est plus seulement opératoire dans certains pays d'Amérique latine mais il l'est au cœur même du champion du capitalisme, du libéralisme qui fabrique plus de cinquante millions d'analphabètes et autant qui sont privés de couverture sociale. L'administration américaine injecte près de 200 milliards de dollars pour sauver des banques et des compagnies d'assurances privées, pour permettre au système de repartir. Les ressources algériennes, ce sont aussi et surtout les compétences humaines parmi lesquelles nombreuses sont celles qui sont parties pour toujours. Ce sont celles qui observent avec quelle désinvolture est annoncée l'incroyable augmentation des salaires des parlementaires dont il serait hasardeux de calculer la valeur d'usage, l'utilité sociale ou politique. Des médecins qui sauvent des vies et réparent des corps, des enseignants qui transmettent des savoirs, des étudiants entassés observent des députés qui votent contre l'augmentation des salaires mais acceptent néanmoins le salaire nouveau qui tombe avec en prime un effet rétroactif. Comment mieux faire pour confirmer la césure entre les gens et de lointains «élus» ? Le président de la République a mis dernièrement le doigt sur un sérieux danger en déclarant : «Un programme national rationnel doit être tracé et mené avec détermination et tendre vers l'autosuffisance alimentaire du pays.» Attendons les contributions, les propositions rédigées et publiées par nos parlementaires pour savoir s'ils ont quelques idées pour arriver à l'indépendance alimentaire et, enfin, justifier leurs émoluments. A. B.