Le Président-directeur général de l'électricien public Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, n'y est pas allé, hier, par quatre chemins pour renvoyer l'exportation de l'électricité solaire et la fourniture du marché européen en énergie renouvelable au bas des priorités du programme national de développement des énergies renouvelables, en indiquant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale que «l'Algérie ne peut prendre seule le risque d'un marché à l'export». Et pour cause, les membres de la communauté européenne, qui pourtant avaient un temps tenté un forcing à travers les initiatives allemande Desertec, française Transgreen ainsi que le plan solaire méditerranéen pour s'assurer un approvisionnement à terme en électricité solaire, ne veulent en aucun cas ouvrir le marché aux opérateurs des pays tiers. M. Bouterfa, qui considère que la question est «éminemment politique», a d'ailleurs mis à l'index l'article 9 de la directive européenne qui «verrouille le marché des énergies renouvelables à partir des pays tiers», et a même demandé la levée de cette entrave, émettant comme condition l'accès au marché européen de la distribution d'électricité à Sonelgaz. Une déclaration qui vaut son pesant d'or d'autant que l'Union européenne affiche clairement l'ambition de parvenir à court terme à un accord stratégique en matière d'énergie, avec l'Algérie. Les opérateurs énergétiques nationaux qui ont tiré les leçons du passé et des obstacles mis en place pour fermer l'accès au marché du gaz, veulent éviter de tomber dans les mêmes tourments avec l'énergie solaire. Ils émettent donc leurs conditions et ne veulent plus être considérés comme simples fournisseurs d'énergie. C'est dans ce sens justement que M. Bouterfa a affirmé qu'«il appartient à ceux qui auront besoin de cette énergie solaire de lever ces préalables et tous les verrous, afin de permettre la réalisation de l'opération de transport de l'énergie solaire et d'apporter les financements nécessaires». Le partenariat il en est question, selon le P-DG de Sonelgaz, avec la fondation Desertec. Une coopération qui se limite pour l'heure à des contacts pour la conclusion d'un protocole d'accord sur un échange d'idées et de projets d'intérêt commun. Il a également tenu à faire savoir qu'une étude sur l'intégration du marché maghrébin au marché européen est, actuellement, en préparation. Elle intégrera l'examen des aspects réglementaires et institutionnels. Il a été également question de la création récente d'une association méditerranéenne des transporteurs d'électricité (Medso), et ce en partenariat avec l'Italien Terna. Il a expliqué que l'exportation d'énergie solaire et éolienne vers le marché européen dépend de la levée des obstacles d'ordre technique et industriel et qui ont un rapport avec la capacité du réseau de transport et des interconnexions électriques actuellement en place à absorber des flux d'électricité importants, ainsi que l'objectif de chaque pays européen en terme d'intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Il indiquera ainsi que pour accéder aux marchés européens, il faut passer par deux principales portes d'entrée, à savoir l'Italie et l'Espagne. Or, les réseaux de ces deux pays sont d'ores et déjà saturés, nonobstant le fait que l'Italie et l'Espagne ainsi que la France ont déjà atteint leurs objectifs en termes d'énergies renouvelables. Le patron de l'électricité national a dans ce contexte estimé qu'«une quantité d'énergie de l'ordre de 6 000 à 10 000 MW/an représente dans l'état actuel des choses, le potentiel maximum qui peut être exporté vers l'Europe même dans les 20 années à venir». Rappelons que le programme national de développement des énergies renouvelables prévoit un investissement de 60 milliards de dollars à l'horizon 2020 pour la production de 22 000 MW/an d'électricité d'origine renouvelable et qui devra contribuer à hauteur de 40% dans le bilan énergétique national. M. R. «Il n'y aura pas de délestage cet été» Il n'y aura pas de délestage cet été. Selon le P-DG de la Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, les capacités nationales de production d'électricité dépassent la demande globale, permettant à la compagnie de disposer de quelques 800 MW de réserves et de couvrir les pics de consommation. Toutefois, M. Bouterfa n'a pas écarté Des incidents ponctuels et conjoncturels notamment dans le sud du pays, qui connaît des conditions climatiques extrêmes. Il a également reconnu que les capacités de production pour ces régions, notamment Biskra, Tougourt, El Oued et Hassi Messaoud, restent limitées à cause des retards enregistrés dans la réalisation des projets destinés aux populations de ces régions et ce pour diverses raisons. Il s'agit en premier lieu de la difficulté de la levée des oppositions avant la réalisation des ouvrages. M. Bouterfa a également pointé du doigt les lourdeurs bureaucratiques et l'inadéquation de la législation douanière, amendée en 1997, lorsqu'il s'agit d'importer des équipements dans le cadre d'expéditions échelonnées. Ce qui pose problème pour lors des dédouanements. Le premier responsable de l'électricien national a affirmé avoir posé le problème à la Direction générale des Douanes (DGD) depuis deux années, sans qu'une solution définitive ne soit trouvée. M. R.