Photo : S. Zoheïr Synthèse de Younès Djama Le secteur du médicament n'est pas près de sortir du cercle des pénuries. La liste ne cesse de s'allonger, au grand dam des malades. Aucune solution en vue. L'écheveau est si complexe à démêler. Pour la énième fois, les professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme. Ils préconisent vivement une plus grande autonomie du pays dans ce domaine juteux, et insistent sur la nécessité et l'urgence des réformes. Invité, jeudi dernier, de la Radio nationale, Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), a affirmé que les pénuries touchaient quelque 230 médicaments, dont 170 essentiels tels que les corticoïdes, la pilule contraceptive et les antidouleurs, indispensables pour les cancéreux. Ce phénomène est dû, selon lui, à une «mauvaise gestion» dans la chaîne de distribution, marquée par la «discrimination» exercée par les distributeurs. «Les médicaments ne sont pas livrés de la même façon entre les petites et les grandes officines», a observé M. Belambri, tout en dénonçant des pratiques «immorales» imposées par les distributeurs, ce qui a conduit à un dysfonctionnement du marché national, avec entre autres effets, la pénurie des médicaments. A ce titre, le syndicaliste a rappelé les propositions de son organisation pour tenter de mettre fin à ce genre d'anomalies et encourager la production nationale. Il a ainsi souligné que le syndicat avait «demandé l'autorisation de créer des groupements de pharmacies pour permettre un écoulement plus fluide de la production nationale et assurer un système de régulation et de suivi de la chaîne de la distribution». M. Belambri a soulevé également la question de l'autonomie du pays dans ce domaine «juteux», un volet qui nécessite, selon lui, des réformes «urgentes». «Il est impératif de promouvoir l'industrie nationale et réussir à réaliser une autonomie, à l'instar des pays voisins», a-t-il insisté. Concernant la disponibilité de l'insuline, il a admis l'existence de «perturbations» et a déploré le fait que «l'initiative de Saïdal [de produire de l'insuline locale] n'a pas reçu l'aide et l'assistance nécessaires». Par ailleurs, quelque 10 000 tonnes de médicaments périmés sont recensées au niveau des 8 400 officines à l'échelle nationale, et le manque de moyens pour leur destruction constitue une menace pour l'environnement, a révélé le président du Snapo. Il a souligné que le problème majeur résidait dans «le manque de moyens pour appliquer les lois» régissant la protection de l'environnement, notamment celui des incinérateurs dont le nombre est «insuffisant» lorsqu'ils ne sont pas «carrément inexistants, sachant qu'il en faut au moins un par wilaya». M. Belambri a cependant assuré que ces grandes quantités de médicaments périmés étaient bien à l'abri dans les officines et qu'elles ne sauraient ainsi faire l'objet de vente illicite et donc de mise en danger des malades.